Remise en cause des 35 heures, statut des fonctionnaires jugé « inadéquat »… Il n’en rate pas une. Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, ex-banquier d’affaires au look de jeune premier (38 ans le 21 décembre), nouvelle coqueluche des médias et des sondeurs, incarnation d’un social-libéralisme à la « droite droite » de la gauche. Sa loi sur la croissance et l’emploi, qui assouplit le travail le dimanche et permet à des cars de voyageurs de circuler entre deux villes – dingue -, est passée au forceps, Manuel Valls dégainant son 49.3, histoire de rappeler qui est le chef. A venir, la loi sur l’évolution numérique – aura-t-on la wi-fi gratuite ailleurs qu’au Mac Do et dans les gares SNCF ?

Replaçons l’église au milieu du village devenu global. Ce que dit, propose et fait Macron sont des évidences pour la majorité des Français, paradoxalement plus rapides que ceux qu’ils portent au pouvoir. Par exemple, selon un sondage CSA réalise pour Les Echos, Radio Classique et l’Institut Montaigne, 70 % des Français seraient favorables à un assouplissement des 35 heures.

Lors de ses sorties pseudo-fracassantes, qui vaudraient à un mec de droite les crachats éternels des syndicats et du touchant triptyque Front de Gauche/NPA/communistes, Emmanuel Macron parle-t-il librement, ou est-il en service commandé, agissant tel un pion sur un échiquier ? La réponse est contenue dans la question. Macron semble bel et bien mandaté pour susurrer une musique libérale. Seule incertitude : le rôle est-il explicité en interne entre les parties prenantes, ou Macron a-t-il été choisi à dessein, sans plan d’action préalable partagé avec lui, sachant qu’il se lâcherait de toutes façons ?

Les Macronades servent un Hollande déjà en campagne : rendre inaudible le programme à venir de la droite pour 2017, envahir l’espace médiatique, ringardiser ces frondeurs agaçants en diable, et aller vers le centre, où se jouera la prochaine présidentielle. Tu fais une sortie libérale, je te recadre pour rappeler qu’on est quand même un peu de gauche, ça fait parler de nous, mais je te garde quand même… Pièce de théâtre à la fois subtile et pathétique, honnêtement interprétée, avec le concours de journalistes qui seraient bien inspirés de faire grève tous ensemble sur certaines manipulations.

Un seul hic : Machiavel ou Mitterrand, c’était avant, il y a des siècles. Les Français en ont soupé. L’économie de 2016 a besoin d’actes et de preuves d’amour, pas de tours du Bonneteau dans des officines politiques. Gare au boomerang. Mais gardons Macron : rendez-vous compte, il vient du privé, et de Rothschild&Cie de surcroît ! Pour les socialistes, l’équivalent d’un premier pas sur la lune.