Sans surprise ni passion, la Nationalmannschaft a joué à la baballe contre l’équipe de France, vendredi en quarts de finale de Coupe du Monde, ouvrant le score tout de suite et gérant ensuite, dans l’optique d’un vrai match de football – demain, en demi, contre le Brésil. Il est une autre victoire de l’Allemagne, peu médiatisée : pour la première fois depuis 1969, le gouvernement allemand a adopté, le 2 juillet en conseil des ministres, un projet de budget 2015 à l’équilibre.

Traduction pour les nuls : ses dépenses seront égales aux recettes et de ce fait, l’Etat allemand ne s’endettera pas davantage. Très énervant, le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, veut renouveler un budget sain les trois prochaines années. L’économie d’outre-Rhin n’en est pas là par hasard. Il y a dix ans, le chancelier Gerhard Schröder a pris un ensemble de mesures phares, à travers son agenda 2010, sacrifiant et sa popularité et sa réélection sur l’autel de l’intérêt général : réduction des indemnités chômage, possibilité d’embaucher des chômeurs à des salaires inférieurs à la convention collective du secteur, possibilité de réduire les allocations d’un chômeur dont les ascendants ou descendants ont des ressources conséquentes, simplification des procédures d’embauche, incitations aux formations professionnelles…

De quoi faire fantasmer l’exécutif français, embourbé dans un cycle de déficits abyssaux (4,3 % en 2013, 3,8 % projeté pour 2014), bien au-delà du plafond européen des 3 %. Rattrapé par la patrouille, Hollande en est réduit à négocier reports sur reports à Bruxelles. Une attitude peu fair-play à l’égard des coéquipiers sommés, eux, de se saigner aux quatre veines pour mettre de l’ordre dans leurs comptes publics – Irlande et le Portugal en tête.

C’est dans ce contexte apocalyptique, grogne syndicale en prime, que s’ouvre la 3ème conférence sociale, cet après-midi à Paris. Difficile d’y croire encore, alors que l’affrontement archaïque reste la règle, en entreprise (syndicat/patronat) ou en politique – aucun gouvernement d’ouverture, mise à part l’initiative de Sarkozy avec Kouchner, Amara, Hirsch…

Le diable se cache dans les détails, dit-on. Pour ce triste France-Allemagne brésilien, la Fédération Française de Football a invité (vos impôts) 180 personnalités du foot hexagonal. Avion spécial affrété. Tout en oubliant de convier les joueurs ayant disputé les France/RFA des Mondiaux 1982 et 1986. Voilà qui classe un pays.