Make our planet great again (Rendons notre planète encore plus belle), martèle Emmanuel Macron, qui manie la communication politique comme pas deux – enfin, si, il y a Brigitte, aussi. Save our planet (Sauvons notre planète), rectifieraient les mauvaises langues. Mais il faut saluer la démarche, de la part d’un président qui innove, occupe l’espace, casse des codes et, surtout, sait se tenir. On verra pour les résultats économiques et sociaux.

Ce slogan vert et planétaire ‘Make our planet great again’, qui claque comme un drapeau sur sa hampe, ne s’accommode pas d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Atterrie la semaine dernière, la décision d’abandonner ce projet quinquagénaire, pourri par l’indécision des anciens gouvernants, est approuvée par 76 % des Français. L’Ouest de la France ne manque pas d’infrastructures. Globalement, il faut rénover, autant que possible, l’existant. Par ailleurs, l’artificialisation massive de terres agricoles et d’espaces naturels pour un projet réservé à une élite (qui prend l’avion fréquemment ?) ne se justifie plus, en 2018. Enfin, Vinci, le titulaire privé du contrat de construction et d’exploitation, serait ravi de cet abandon : pas de guerre de tranchées avec les Zadistes, qui menacerait sur de longs mois le cours de l’action en bourse, et de juteuses indemnités de l’État (vos impôts) en perspective. Dans la foulée, le Premier ministre a annoncé le retrait de la France de sa candidature pour l’Exposition universelle 2025, invoquant un risque financier. Après avoir décroché la Coupe du monde de rugby 2023 et les Jeux Olympiques 2024, on va songer à se calmer, et à laisser gagner les autres.

L’homme économe ne se résume pas aux États. Dans les territoires, les collectivités et l’Ademe multiplient les accords de partenariat, pour accélérer sur la transition énergétique et écologique : bus au gaz naturel, programmes incitant la rénovation des logements, installations de production d’énergie renouvelable (bois-énergie, géothermie…), développement de réseaux de chaleur à l’échelle des quartiers, dynamisation de l’économie circulaire et des circuits courts, logistique du dernier kilomètre, reconstruction de la ville sur elle-même par la réhabilitation de friches urbaines, etc.

Avec deux bémols : dans bon nombre de grandes villes, la réalité de la part du vélo doit être augmentée. On est bien loin des autoroutes à bicyclettes d’Amsterdam, malgré la communication massive autour des vélos en libre-service. Par ailleurs, l’idée même de lancer des études pour des péages urbains, jetée par la ministre des Transports Elisabeth Borne, semble repoussée, tous bords politiques confondus, par les élus locaux. Peur de l’impopularité. Mais dix ans après le Grenelle de l’Environnement, où cette piste était restée morte-née, les temps ont changé. Casser les codes, de nos routes également. Car l’homme économe, c’est chacune et chacun d’entre nous, au quotidien. Dit celui qui roule toujours en scooter.