Première ‘une’ dans Les Echos, ce 3 novembre : en ce jour de Saint-Hubert, petit auto-like depuis Paris. L’enquête « le burn-out des dirigeants de PME : un tabou français en train de sauter » (http://lnkd.in/dhqkbc8), et ses petites soeurs (http://bit.ly/1G3koVO ethttp://bit.ly/1qa57bP), mis en ligne vendredi après-midi, cumulent déjà plus de 20 000 lecteurs. « Tu as fait péter le compteur des clics », maile ma chef unique et préférée ce matin. En langage journaleux, c’est le top compliment – genre une fois tous les dix ans.

Le sujet est tristement d’actualité. La détresse des petits patrons existe. Ils commencent à l’exprimer. Le 10 juillet dernier, à Montpellier, se tenait la première journée nationale traitant du sujet. Au coeur du dispositif : Olivier Torrès, 49 ans, chercheur inépuisable à la faconde sétoise (250 conférences en France et à l’étranger à ce jour), créateur en 2009 de l’observatoire Amarok, qui scrute la santé des dirigeants de PME, artisans, commerçants et professions libérales. « Le suicide d’un salarié d’Orange, ça fait le 20 heures. Un artisan qui se pend dans son garage, c’est trois lignes dans la rubrique faits-divers du journal local. Aucun observatoire de la santé des dirigeants n’existait auparavant, alors que c’est un vrai sujet de société ! Car dans une PME, si le dirigeant disparaît ou tombe malade, cela peut entraîner le dépôt de bilan. »

Soutenu par Malakoff Médéric et une trentaine de fédérations syndicales et patronales – bâtiment, métallurgie,… -, Amarok veut jeter les bases d’un service préventif pour la santé au travail des dirigeants. Quatre thèses sont d’ailleurs soutenues en cette fin d’année à l’université Montpellier-I. L’observatoire Amarok a « ausculté » 1 000 patrons français à ce jour. Les médecins du travail préconisent des remèdes simples : arrêt du tabac, aménagement de microsiestes, reprise du sport, non-consommation de café au-delà d’une certaine heure, temps libre pour voir davantage les proches…

Côté entrepreneurs, le besoin d’accompagnement est bien là. « Parler avec des psys et des confrères permet de dédramatiser et de rester sur le factuel, glisse Elisabeth Guillaumond, patronne de Fabrix, une PME de menuiseries extérieures. On se rend compte également que l’on a tous les mêmes soucis : délais d’exécution intenables, pénalités injustes, difficultés à être réglés. Ou encore problèmes de management en interne : les collaborateurs jouent sur le côté affectif propre au dirigeant de PME, sachant qu’ils ont le droit du travail avec eux. »

Valoriser l’échec. Sur le terrain, certaines associations (SOS Entrepreneurs, 60 000 Rebonds), ou encore le Centre d’informations sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP) des tribunaux de commerce, réhabilitent le droit à l’échec. « L’échec professionnel est encore stigmatisé en France. Mais les lignes sont en train de bouger. Certains investisseurs américains font même de l’échec une condition préalable au déblocage de fonds. Pour eux, on ne devient senior que quand on a connu l’échec et travaillé dessus »relève Philippe Rambaud, président de 60 000 Rebonds.