Billet utile. Ce 1er février, la rédaction en chef de La Lettre M (www.lalettrem.fr), média économique, le seul à ce jour à avoir anticipé la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées, me revient donc, suite à une décision de l’actionnariat du titre. Mon prédécesseur à ce poste depuis fin 2007, Henri Frasque, 47 ans, est nommé au service Enquêtes du groupe SAGA (Gazettes de Montpellier et de Nîmes). J’étais jusqu’à présent rédacteur en chef du bureau de Toulouse, créé il y a un an dans le cadre du déploiement de La Lettre M sur la grande région, et était auparavant rédacteur en chef adjoint à Montpellier. Voilà pour les histoires un peu pagailleuses de titres.

Fondamentalement, et sans minimiser les contraintes nouvelles liées à cette prise de poste, c’est pas la révolution. Je prends le poste avec confiance, zénitude et enthousiasme. Pas de mauvais rêve ni d’excès de chocolat. Et pour cause, La Lettre M, née en janvier 1984 en Languedoc, devenue une belle PME de 15 salariés, je la connais par cœur : 15 ans que j’y bosse. Une vie ! Les mauvaises langues parleront d’une ascension fulgurante. Digne, en effet, d’un roman du 19ème siècle.

En fait, deux choses vont changer : la liberté (relative) de mettre en place mes process et ma vision du management. D’ailleurs, je me définis manager de média plutôt que rédac’chef, fonction un brin archaïque ; et, paradigme que je ne maîtrise pas, le regard des autres. Il change, indéniablement, alors qu’au fond, je suis le même qu’il y a cinq ans, avec les mêmes potes, la même femme et les mêmes valeurs.

Depuis dix jours que cette nomination circule en métropoles (Toulouse et Montpellier), ce qui fait chaud au cœur, c’est les nombreux messages, publics ou privés, de félicitations ou d’encouragements. Armée invisible de lecteurs assidus qui me suivent, depuis si longtemps, sans que je le sache vraiment, et semblent apprécier le job abattu, avec, paraît-il, discrétion, constance et acharnement.

Un point de clarification, car on me pose la question quatre ou cinq fois par jour. Je réside à Montpellier, dans le quartier Antigone, que j’adore et ne projette pas de quitter – ses épiceries de nuit, sa perspective mégalo, sa mixité cadres/dealers, ses tramways multicolores partout, la mer et l’autoroute pas loin, les lieux de pouvoir (Hôtel de région, Hôtel de ville, Métropole, préfecture, CCI) à portée de scooter. En 2016, on me verra et à Toulouse, capitale de la nouvelle grande région, où La Lettre M ouvre cette semaine ses bureaux définitifs au 15, allées Jean Jaurès*, et à Montpellier, et en grande région. Je naviguerai, en SNCF ou en Blablacar, comme en 2015. J’aime ces deux villes, désirées au plan national et riches de leur histoire. J’aime ce rythme double – une base, une conquête. Sans oublier les territoires – Perpignan, Nîmes, Tarbes, Rodez, Béziers, Narbonne, Sète, Albi… Et, dans le dispositif de bataille, il faut bien un mec qui connaisse un peu les deux parties de la grande région, sinon on n’est pas crédibles.

Une autre mise au point, même si, pour le coup, personne ne m’a posé la question. Je n’ai pas œuvré pour décrocher ce poste, et n’en ai d’ailleurs jamais rêvé. Mes vies pro et perso étaient déjà très bien remplies, merci. Elles le seront un peu plus à présent. Ironie du sort, cette nomination intervient pile poil au moment où le journal en particulier, et la presse en général, n’ont jamais eu autant d’emmerdes (de défis, pardon) à relever, entre restrictions budgétaires des gros annonceurs, transition numérique, « évangélisation » midi-pyrénéenne, concurrence des blogs, newsletters gratuites et réseaux sociaux, et, en matière de recrutement, rapport au travail dégradé – il y a plein de chômeurs, mais personne ne veut bosser. Il doit y avoir une part de destin là-dedans : je suis né pour combattre. Pas de souci sur ce point : j’ai l’habitude.

* Après une installation temporaire à Compans Caffarelli.