Grande conférence sociale pour l’emploi, jeudi et vendredi, au palais d’Iéna à Paris-sur-Seine. Pas autant de journalistes pour la couvrir que le premier mariage gay en France (230 accréditations). Avouons que le sujet est moins sexy. Mais il mérite tout de même le détour. 150 000 jeunes sortent chaque année sans diplôme ni qualification du système. Les plans sociaux se succèdent, et avec eux, des bébés chômeurs, qui ne sont pas que des chiffres. Chaque licenciement signifie une vie à rebâtir, des sous à grappiller, parfois un destin brisé. Faut-il attendre monts et merveilles des six tables rondes magiques* ? Réponse en autant de points.

1 / Hollande, dans son style consensuel et sympa (il l’est), joue la concertation avec les partenaires sociaux. Surtout, ne fâcher personne. Cette gouvernance respectueuse de tous risque de ne satisfaire personne et de ne pas répondre à la gravité de la situation.
2 / Etonnant (pour user d’une litote), que les retraites figurent au cœur de cette conférence, et déchaînent déjà les passions. L’emploi, une denrée rare, et la formation, qui oriente les hommes et conditionne la réussite (ou l’échec) de filières entières, devraient être le cœur du réacteur.
3 / Sur le financement des retraites : qu’on ne s’y trompe pas, celles et ceux qui manifesteront cet automne ne sont pas concernés. L’effort sera demandé insidieusement, plus tard, aux jeunes actifs d’aujourd’hui. Ceux nés avant 1975 s’en tirent avec 42 annuités pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Entre 1975 et 1989, on passe à 43 annuités. Puis, 44 pour les travailleurs nés à partir de 1989. La génération Y ne respecte peut-être rien, mais c’est avec ses futures cotisations que ses grands-parents s’offrent aujourd’hui des voyages au Maroc, des croisières et des 4X4 de blaireaux.
4 / Comment débattre de sujets aussi complexes en deux jours ? Chacune des six tables rondes mériterait à elle seule une semaine de séminaire sans alcool ni piscine.
5 / Sur la forme : pourquoi ne pas délocaliser ces grandes messes dans les réserves d’indiens provinciales ? La France regorge d’artisans, de talents, de PME innovantes, qui mouillent la chemise et participent également du destin national. Jacques Chirac avait organisé le G8 à Lyon en 1996. Une voie juste et visionnaire, trop peu suivie.
6 / Dommage que France Télévisions ne prenne pas exemple sur la Grèce en cessant d’émettre quelques semaines. A défaut de pré-retraites, ça nous ferait des pré-vacances.

* Chômage, formation, retraites, modernisation du service public, santé au travail, construction de l’Europe sociale.