… pour Cac 40, baromètre boursier des 40 premières valeurs françaises. Ce mercredi soir à la CCI de Narbonne, Initiative France, premier réseau associatif national de financement de créateurs et repreneurs d’entreprises, donne la parole à des patrons anonymes, pourvoyeurs d’emploi local et de lien social. Par ces temps de mou, ça ranime. Sur scène, Gilles Bourguignon, ancien international de rugby, reconverti dans la boulange, à la tête d’une PME de 80 salariés – une unité de production et neuf magasins intégrés, aux enseignes ‘Au fournil de Gilles’, ‘Epi d’Ovalie’ et ‘Epi méditerranéen’. Ou encore Mikaël Gillion, un tout jeune artisan (27 ans), qui emprunte 380 000 euros pour la reprise, seul, d’une boucherie charcuterie à Uzès (10 salariés), où il avait commencé son apprentissage, à 16 ans. Le gamin s’y connaît autant en management qu’en découpe de barbaque : alors que le personnel voyait son arrivée d’un œil sombre, il eut le réflexe de recevoir individuellement chacun des employés, pour apaiser les craintes et connaître les hommes. On ne peut pas dire qu’il en soit ainsi dans tous les ‘grands groupes’.

De l’affectif également avec Sophie Roig, qui reprend avec son mari l’hôtel-restaurant Le Terminus, établissement presque séculaire (né en 1919) de Clermont-l’Hérault. Son beau-père y a travaillé pendant dix ans, et son mari Jean-Marie y a fait sa première saison : bref, leur Graal à eux, c’est ce Terminus, bientôt dépoussiéré et remis aux normes. De la passion avec Christophe Illac, serial entrepreneur, expert en restauration asiatique et créateur de Kioskasie, qui mêle saveurs japonaises et vietnamiennes.

J’aurai le plaisir de faire briller ces PME sur scène, aux côtés de Louis Schweitzer, ex-boss de Renault, aujourd’hui patron d’Initiative France. Une chose m’a marqué dans les entretiens préparatoires : pas un ne m’a parlé d’e-commerce, site web, application… Ils cultivent le jardin numérique bien sûr, mais n’en font pas une fixette. Alors, bien sûr, on n’est pas non plus dans une plaquette de com’. Des artisans déposent le bilan chaque jour, la croissance est atone, les déficits grand canyonesques et le chômage himalayen. Le professeur Olivier Torrès, théoricien des PME et artisan, et créateur d’Amarok (observatoire de la santé des dirigeants), rappellera que cette armée invisible mérite mieux qu’une sous-médiatisation chronique. Car l’économie réelle réside surtout dans ces pas de porte bichonnés, où l’on s’appelle encore par le prénom.