Moi, président normal, bla bla bla, ânonnait François Hollande, lors du débat du 2 mai 2012. La roue tourne. Et il faut que ce soit la presse people qui fasse le boulot. En révélant sa liaison secrète avec Julie Gayet, le magazine Closer a dit tout haut, avec panache, ce que le tout Paris médiatique savait tout bas. Chapeau bas : investigation, scoop planétaire, courage éditorial. L’intéressé ne nie d’ailleurs pas l’exactitude des faits. La presse « de qualité », qui ne « s’abaisse pas à ça et respecte la vie privée », est depuis la première à pisser de la copie sur le « désordre » causé en haut lieu par l’affaire. Demain, lors de sa conférence de presse élyséenne, ces mêmes journalistes qui taisaient l’info, par peur et lâcheté, croiront bon de questionner le président de la République sur le sujet.

Que François Hollande soit un séducteur, et prenne tous les cinq ans une compagne à chaque fois âgée de 10 ans de moins que lui – de Ségolène Royal, 60 ans, vers Valérie Trierweiler (49 ans le 16 février), puis de celle-ci vers Julie Gayet, 41 ans -, n’est, en soi, ni intéressant ni condamnable. C’est même, chez les hommes de pouvoir, d’une banalité affligeante. La forme, par contre, pose problème. En termes de communication, il n’a rien vu venir, au point de se faire piéger comme un bleu par des paparazzi en planque. Avec l’hospitalisation de Valérie Trierweiler, la trompeuse trompée, on nage dans un vaudeville de mauvaise facture.

De plus, savoir le président de la République circuler à scooter, dans Paris, à peine surveillé, pour se rendre, de nuit, dans l’appartement d’une tierce personne, pose une double question : celle de sa sécurité, et celle et de son insondable désinvolture. Notre beurre président manquerait-il à ce point d’autorité pour ne pas inviter discrètement sa douce à l’Elysée, plutôt que de se comporter comme un étudiant attardé ? J’oubliais : Madame tient à son indépendance. Un président, oui (je ne vais pas tomber amoureuse d’un vulgaire salarié, et puis quoi encore ?), mais où je veux, quand je veux.

Loin de ces sujets centraux, n’oublions pas l’accessoire. Notre pays compte 5 millions de chômeurs et désintègre sa jeunesse – école faussement républicaine et vraiment élitiste, stages gratuits, orientation fantôme. Ce n’est pas uniquement de la responsabilité de François Hollande, la dette étant historique, les freins multiples et la crise européenne. La propagation de l’incendie devrait juste obliger un chef d’Etat. Le droit au respect de la vie privée n’excuse pas le fait de ne pas savoir se tenir et de vivre sur une autre planète. Merci, quand même, à François Hollande, pour nous offrir sur un plateau l’hymne de 2014 : Trierweiler moins pour Gayet plus !