… un 2 janvier, pour souhaiter la nouvelle année. Quelle fâcheuse tendance, en effet, sur les réseaux sociaux, à poster les vœux dès le 31 décembre, parfois même bien avant. Comme pour se débarrasser d’une corvée, alors qu’il devrait s’agir de purs moments de partage, d’empathie et de compassion. Diktat de l’instantanéité. Il faudrait, semble-t-il, toujours tout anticiper, et de plus en plus, pour rester dans la course, au coude à coude, dans une forme d’adversité. Une course à quoi, au fait ? À la course ? À l’image que l’on s’en fait ? Nul ne sait, à vrai dire. Dérive néfaste. Céder aux sirènes des artifices – 140 signes maximum – et de certains codes en vogue éloigne de l’essentiel. Pourtant, en l’espèce, il ne sert à rien de sprinter : le marathon des vœux commence tout juste, pour étirer son joug tout au long de janvier. L’excellente Lettre M vous offre même l’agenda des vœux institutionnels en Occitanie (bit.ly/2imqJYg). Ce ne sont pas les occasions qui vont manquer de contracter une grippe carabinée, à force de mains serrées et de bises claquées.

Quelle fâcheuse tendance, également, d’envoyer des SMS groupés pour célébrer l’entame d’un nouveau tour de piste. Pratique mêlant proximité illusoire et réel anonymat. Les émetteurs sont souvent des amis proches. J’ai pris partie de ne pas leur en vouloir, et de me satisfaire de figurer dans leur liste – c’est déjà ça. Et il y a tellement plus grave, à Istanbul, Berlin, Bruxelles, Nice, Bagdad, Alep.

Malgré, donc, un retard inadmissible pour un journaliste en exercice, les vœux décalés et rétros – ni vidéo, ni photo, ni dessin rigolo, rien que des mots tout noirs – que je vous adresse n’en sont pas moins sincères pour l’année née. Que vos volontés soient fêtes. Que cette année impaire soit pure. Qu’elle regorge de saines résolutions, comme celle – jamais citée par les psys de pacotille, ânonnant sur les ondes la sempiternelle inscription à la salle de fitness -, de lire à nouveau la presse écrite. Je l’écris avec la conviction d’un 1er janvier : achetez des journaux, même mes concurrents, même une fois en passant ! Offrez des abonnements à vos proches ! On trouve plein de choses dans un journal. De l’instructif, de l’insolite, du people savoureux, de la mode futile, du temps réel, du culturel, de l’info pratique, du courrier des lecteurs absurde (le courrier, pas les lecteurs), de l’ultra-local, du géostratégique, du jeu démocratique, du sport en vrac, du fait divers sordide. Et de l’économie, bien sûr. Un appel qui n’exonère pas la filière, bien sûr, de poursuivre sa mue digitale et, plus largement, d’imaginer un nouveau modèle économique. 2017, comme emplettes sur Internet.

2017 : l’investiture de Trump et son cortège d’incertitudes, la présidentielle et les législatives en France lançant l’après-Hollande, Merkel qui remet sa couronne en jeu en Allemagne, Paris qui décrochera (ou pas), le 13 septembre à Lima, l’organisation des JO de 2024. Entre autres. Et, surtout, ce que je préfère par-dessus tout : ces actus que nous ne pouvons pas prévoir, mais qui nous attendent déjà au gré des bouclages.