Pas des fleurs, mais un peu d’expérience. Je reprends demain, et pour quelques demi-journées dans l’année, ma casquette de formateur à l’ISCOM (communication, publicité, marketing). Intitulé du module : l’écriture efficace. Apparemment fastoche : je passe mes jours et mes soirées à rédiger – ne sachant rien faire d’autre.

Détrompez-vous : maîtriser une compétence ne veut pas dire savoir la transmettre. Il faut amuser, surprendre, relancer, impliquer ce petit auditoire made in 1991-92, dont les têtes sont retranchées derrière une armée de Mac Book déployée sur les tables. Heureusement que j’ai un site : au moins puis-je exister à travers leurs écrans béants. Je ne le cache pas : il y a un petit stress avant chaque séance. C’est totalement irrationnel. Car après tout, qu’est-ce que je risque et crains, devant 25 étudiants ? Rien. Peut-être symbolisent-ils, par l’addition de leurs jeunesses, le temps qui passe trop vite.

Il faut mouiller la chemise. Tiens, décrivez-moi l’ISCOM en cinq lignes. Trouvez le titre et le chapô de cet article sans titraille. Synthétisez cet affreux dossier de presse (je garde les pires à dessein) en une page limpide. Discutons-en ensemble. Puis, groupes de travail (ateliers, pardon) sur l’après-inondations de Montpellier – les alertes aux organes de presse, l’analyse du discours médiatique, les rôles respectifs des médias sociaux et des médias traditionnels… Non, Facebook et Twitter ne peuvent être des sources d’information en tant que telles. Oui, voilà, ce ne sont que des relais. Mon Dieu, les fautes d’orthographe, de syntaxe, de conjugaison, de grammaire… Ah, une demoiselle qui change de voix à la fin du cours en venant me voir. Traduction : elle va me demander, sans trop se noyer dans les formules de politesse, un coup de pouce pour un stage dans une agence de com’.

Bref, au bout de deux heures et demi, le prof d’un jour est lessivé. Et un peu plus instruit. Car ce contact avec la jeunesse montante est en réalité un échange régénérateur et salvateur. Une occasion de sentir les nouveaux modes de consommation de l’info. Tout sauf un gadget : l’ère numérique sera et est déjà fatale à bien des journalistes de presse écrite. Pour ceux qui en doutent, jetez un oeil à l’excellent documentaire « Un monde sans papier », diffusé sur Arte fin août et disponible sur YouTube.

Pourquoi ne pas donner des cours dans une école de journalisme, me diriez-vous ? Un jour peut-être. Mais le corporatisme n’est pas mon truc. Et c’est tellement plus drôle de bosser pour l’ennemi.