Demi-journées de découverte, évaluation par simulation avec Pôle emploi pour des postes sur les chaînes d’assemblage, soutiens scolaires par des salariés engagés, systèmes de parrainage ou marrainage, accueil de jeunes stagiaires collégiens ou lycéens, participation à des forums pour l’emploi, développement des contrats en alternance, intégration de clauses d’insertion dans les marchés… Airbus France et Bouygues Energies&Services, et avec eux 14 grands groupes implantés en Haute-Garonne*, déclinent ce lundi en préfecture à Toulouse plusieurs engagements au bénéfice des habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville, lors de la signature d’une convention de partenariat entrant dans le cadre de la charte « Entreprises et Quartiers ». Et là, étrangement, on n’hésite pas à parler quotas, bien qu’étant dans la maison de la République. « Sur 473 recrutements effectués cette année dans le département, 10 % viennent des quartiers prioritaires » (Carrefour) ; Sur 100 embauches en MP en 2015, 55 sont issus des mêmes quartiers prioritaires.

« Le réflexe des jeunes des quartiers en difficulté, c’est de demander : ‘est-ce que je peux rentrer à la mairie ?’, pose Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse (Les Républicains). Tout le monde sait que les emplois publics marquent le pas. Et notre rôle, en dehors de ces contraintes budgétaires, c’est de rappeler que l’entreprise privée est la perspective première de l’emploi. »

Marc Jouenne, DRH d’Airbus France, insiste sur le manque de culture industrielle chez les jeunes du Mirail ou d’ailleurs, manque que seules les entreprises elles-mêmes peuvent pallier. « Malgré la prédominance du tissu aéronautique ici, les jeunes des quartiers ne s’autorisent pas à penser à notre filière lorsqu’ils réfléchissent à leur avenir professionnel. Ils n’ont pas de modèle dans ce secteur dans leur famille. On va donc vers eux, pour lutter contre cette auto-censure. »

Autre secteur, mais même volonté. Le site industriel de Coca-Cola (115 salariés à Castanet-Tolosan, deux lignes de production) s’est engagé à accueillir des jeunes et des stagiaires. C’est pas grand chose, mais « des visites peuvent suffire à créer un déclic, souligne la DRH. Les jeunes méconnaissent les opportunités de carrière dans les usines : caristes, programmateur, informatique, qualité,…. Et la diversité est une source de créativité et de performance. »

Emplâtres sur une jambe de bois, pure communication et le pseudo-journaliste économique tombe dans le panneau ? Peut-être. La conclusion au directeur d’une association qui met en relation des jeunes diplômés des cités avec les entreprises : « Regardez les gouvernances des grands groupes. Ce n’est que des quinquagénaires, blancs, issus des mêmes écoles et qui se cooptent entre eux. Si on ne change pas ça, on va dans le mur ». Et là, c’était du hors-micro.

* AG2R La Mondiale, Bourdarios-Vinci, Cap Gemini, Carrefour, Casino, Coca-Cola, ERDF, Engie (ex-GDF-Suez), La Poste, Manpower, SFR, SNCF, Sodexo, et Veolia Propreté Midi-Pyrénées-Atlantique.