L’été social est chaud. En fermant son site d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2014, PSA Peugeot Citroën condamne 3 300 salariés (dont 3 000 CDI). Aulnay, une saignée sociale, qui va impacter des dizaines de sous-traitants et de prestataires logistiques, dans un département déjà ravagé. Aulnay, un gâchis industriel évitable. PSA essuie certes une contraction de ses ventes en Europe, mais n’a pas assez délocalisé sa production. S’obstinant à produire du moyen-de-gamme en France, où la main-d’œuvre est chère, l’industriel a dégagé moins de profit, et a par conséquent moins investi que ses concurrents. La stratégie logique eût été de construire en France des voitures dégageant plus de valeur ajoutée, comme l’ont fait les Allemands. Et, à l’heure du plein à 75 euros, PSA n’est pas capable de sortir des modèles hybrides ou électriques, sauf pour une diffusion confidentielle. Foutu lobby pétrolier.
Aulnay, c’est aussi l’histoire d’une communication de crise désastreuse. Comment la direction d’un groupe du CAC 40 peut-elle nier pendant un an les rumeurs de fermeture du site, pour finalement l’officialiser ? Certes, la pression d’un Sarkozy obsédé par sa réélection a pesé. Mais est-ce ainsi qu’un groupe industriel traite, en 2012, ses salariés, les services publics de l’emploi et les collectivités qui héritent du bébé ?
Aulnay, c’est aussi une amoralité de plus : la famille Peugeot vit bien planquée en Suisse, où elle figure en tête du classement des fortunes (4,4 milliards d’euros, selon Challenges). Aulnay, c’est enfin un dossier politique. L’américain General Motors, entré à hauteur de 7 % en février au capital de PSA, impose depuis au constructeur français de ne plus vendre, livrer ou partenarier avec les méchants iraniens.
Mais je ne plains pas les 3 300 naufragés d’Aulnay. L’Etat est à leur chevet. Ce samedi 14, Hollande y va de son feu d’artifice : plan jugé « inacceptable », interdiction de tout « licenciement sec ». Un énième plan d’aide à la filière automobile (sortez vos portefeuilles) sera annoncé le 25 juillet. Pendant ce temps, les PME licencient en silence, dans les transports, les services, le BTP – le seul bâtiment annonce 35 000 destructions d’emplois cette année. Des Aulnay, ces PME en connaissent, en cumulé, tous les 15 jours. Mais comme c’est par paquet de 10 ou 20, tout le monde s’en fout. Foutu lobby médiatique.