Qui détient réellement le pouvoir ? Pas si simple de répondre. « Quand le sage désigne la lune, l’imbécile regarde le doigt », attribue-t-on à Confucius (5ème siècle avant JC). C’est que, de tout temps, les pouvoirs se déclinent dans l’infini des astres, et peuvent prêter à confusion. Pour y accéder ou s’en protéger, Robert Greene, sorte de Machiavel moderne, a même édicté 48 lois assez décapantes : bit.ly/2UJdVvs

Prenez la beauté, sous toutes ses formes. Un paysage, un être, une œuvre d’art, une phrase poétique, un exploit sportif, un geste architectural, une simple scène de rue ou un sourire. Tout cela exerce un pouvoir. L’argent aussi, bien sûr. Mais avec des limites. On peut s’acheter tous les palaces du monde et manquer tristement de charisme.

En suivant certaines valeurs, souvent fort simples, on suscite le respect, lequel confère du pouvoir. Chacun a son propre système. Il faut jouer avec ses armes. Le modeste auteur de ces lignes a déterminé, depuis 20 ans, le code de sa route, basé sur la constance, le travail, la transmission, la prééminence de la liberté, l’ouverture aux autres, la quête d’excellence et, donc, la modestie. Le long terme plutôt que l’immédiateté. L’horizon plutôt que les objectifs.

Qui détient réellement le pouvoir, disais-je ? Celle ou celui qui fait montre de clairvoyance d’esprit et de persévérance, sans doute. Là, on rentre dans l’infiniment subjectif. Dans mon domaine, le conseil stratégique, l’intelligence économique, la capacité de synthèse, l’instinct du chasseur de scoop, la veille technologique, l’aptitude à former des liens entre signaux faibles (traduction : deux trucs qui n’ont rien à voir entre eux, mais si, en fait), le décryptage de situations confuses, le dévoilement d’une information au détour d’une question parce qu’elle a été bien posée et au bon moment, la capacité à se doter d’un réseau de réels influenceurs (pas forcément les plus visibles), sont autant de signes de pouvoir. La maîtrise de la parole, des mots et de l’autodérision (idéal pour donner le change) donne aussi un ascendant parfois décisif.

Les réseaux ? Un vrai labyrinthe de verdure. Les plus efficients sont parfois les plus secrets. Les plus coruscants sonnent parfois bien creux. Bref, le pouvoir, ce n’est pas forcément danser la carmagnole, ivre, chaque mois de juin sur la plage, avec des confrères et partenaires qui vous veulent du bien. Même si on se sent exister 10 minutes dans ces éphémères moments de grâce. Le saviez-vous ? Pour certains, déserter les soirées mondaines ou les réseaux sociaux est délibéré. Tout comme garder le silence lors d’une discussion à plusieurs, histoire de laisser les interlocuteurs lever le voile sur leurs intentions.

Erreur fatale, me diriez-vous : ce billet ne s’attarde pas avec de tels détails sur la science, la médecine, les lois, les armes, les banques, les organismes supranationaux ou le business de la tech – intelligence artificielle, big data, cybersécurité. Pourtant, le vrai pouvoir vit en grande partie entre les mains de ces acteurs-là. J’avoue que je sais que je ne sais pas. C’est déjà ça. L’humilité, un début de pouvoir, au moins sur sa représentation du monde qui va.

Le pouvoir appartient, enfin et surtout, aux optimistes offensifs. On aime ou pas le monde de l’entrepreneuriat. Mais reconnaissons aux dirigeants d’entreprises le goût pour la prise de risque, la recherche de valeur ajoutée, la création de richesse, la volonté de rebondir. On l’a constaté à nouveau le 14 mars, lors de la 7ème Nuit des Entrepreneurs du Medef Montpellier Sète Centre Hérault, présidé par Samuel Hervé. Lors de la table ronde « Regards croisés sur l’entrepreneuriat », Pascal Othéguy (secrétaire général de la préfecture de l’Hérault), Christophe Euzet (député LREM de l’Hérault), Abdel Sghir (cofondateur du centre de réalité Upside), Magalie Marais (enseignante en management et gestion à Montpellier Business School) et Gilbert Fouilhé (secrétaire départemental de Force Ouvrière 34) ont débattu de thèmes passionnants : intérêt de développer une politique de responsabilité sociétale pour les entreprises, instauration d’une culture du dialogue social qui fait tant défaut en France, quête de sens pour attirer les jeunes générations, simplification réelle voulue par les PME dans leur quotidien, évolution de l’enseignement de l’économie auprès des étudiants dans un monde où les métiers mutent à grande vitesse…. En quelque sorte, ils ont eu le pouvoir, pendant 45 minutes. Mais, au fond, et ils en conviendront : pas plus que les 500 personnes présentes dans la salle, qui ont, en cumulé, créé des milliers d’emplois sur le territoire.

Le vrai pouvoir s’exerce sûrement d’abord sur soi-même. La confiance, le calme et la croyance en l’avenir. La sagesse de ne pas souhaiter tout maîtriser, car « il n’existe pas d’expert de demain. Il n’y a que des experts du passé », lance Jack Ma, PDG du géant chinois Alibaba. Un billet sur le vrai pouvoir se doit bien de citer deux fois des grands hommes de l’empire du milieu.