Faut parfois savoir se jeter à l’eau. Brosser une analyse de l’économie régionale, face à quelque 45 experts-comptables et commissaires aux comptes : c’est le challenge inédit que me lance le groupe Axiome Associés (par ailleurs partenaire de La Lettre M lors de chaque Masters, en septembre), vendredi prochain à Montpellier, lors d’une table ronde « La relation client : qu’attendent les chefs d’entreprises de leur expert-comptable ? », aux côtés de Samuel Hervé, président du Medef Montpellier, Benjamin Chevalier, vice-président de la CPME Hérault, Mickaël Lapostolle, secrétaire général de Leader Occitanie (réseau d’entreprises en croissance) et Frédéric Bourelly, PDG de la start-up immobilière Mon Chasseur Immo. Eh oui, que des femmes.

Pas si facile de se prononcer sur la santé économique des entreprises d’Occitanie, ou encore sur les secteurs qui performent ou périclitent. L’assistance aura d’ailleurs certainement plus d’informations tangibles que moi-même : si les professions juridiques brillent par leur discrétion, elles détiennent la vraie santé des PME et ETI. Il m’est d’ailleurs souvent arrivé d’interviewer en off des comptables, pour m’aider à déchiffrer de tortueux et abscons rapports d’activités ou communications financières. On nous attribue une science que nous ne maîtrisons pas entièrement, et qui s’avère éminemment subjective et complexe. Des success stories fort médiatiques, par exemple dans le BTP ou le commerce, se crashent parfois de façon inattendue. Les fournisseurs non payés ou les juges au tribunal de commerce ne se précipitent pas pour nous alerter en amont. L’inverse serait presque triste, car trop facile.

Pourquoi accepter quand même ce rendez-vous pas amoureux, vendredi, me diriez-vous ? Déjà, parce qu’une invitation formulée avec courtoisie par un partenaire, sur un sujet intéressant, ne se refuse pas. Question d’éducation. Ensuite, ça me donnera l’occasion, le temps d’un match de foot, d’échanger avec des personnalités érudites et introduites. L’occasion aussi, accessoirement, de glaner des indiscrétions croustillantes – on ne se refait pas. Enfin, ne jamais négliger l’attrait qui consiste à sortir de sa zone de confort. Surtout lorsque le risque est somme toute mesuré. Un peu d’improvisation, avant le week-end. Lever et laver son cerveau pour connecter entre eux des signaux faibles, l’un émis à telle conférence de presse, l’autre à telle inauguration, un troisième en interview. Créneau où un journaliste peut avoir une valeur ajoutée. Eviter à l’auditoire l’inventaire des observations de la Banque de France ou la dernière étude de l’Insee – aussi respectables fussent ces institutions. Il en est des prises de parole en public comme de la rédaction d’articles : toujours, toujours, toujours, se mettre à la place du récepteur du message.