La baisse des charges pour les entreprises – suppression des cotisations familiales d’ici à 2017, compensée par une baisse drastique des dépenses publiques -, annoncée le 14 janvier par notre coquinou de chef de l’Etat, va-t-elle créer un million d’emplois ? Est-ce une bonne mesure ?

Sur le papier, ce virage libéral, pudiquement appelé « social-démocrate », a le mérite d’exister. L’Elysée a compris que les emplois aidés (il y a de tout : d’avenir, francs, contrats de génération…) ne suffiront pas. Il faut innover, pour gagner la « bataille de l’emploi » chère aux communicants. Et les patrons invoquent depuis trop longtemps le poids écrasant des charges, pour ne pas être jugés sur pièce une fois ledit poids allégé.

Principal bémol : la fiscalité ne crée pas EN SOI des emplois. Pour recruter, les entreprises ont besoin de carnets de commandes prospères et de compétences adéquates sur le marché. C’est loin d’être le cas. Paradoxalement, des milliers d’offres d’emplois sont non pourvues, faute de candidats, dans l’hôtellerie, les services aux particuliers, le BTP, la métallurgie… Près de chez moi, l’été, c’est même des Equatoriens par dizaines qui viennent ramasser les fraises, les cerises et le maïs ! Et combien de langues parlées sur les chantiers de tramway ou lignes ferroviaires nouvelles ? Dans une région où le chômage des jeunes atteint 38 %, il y a de quoi s’interroger.

Dès le collège et le lycée, l’orientation doit être une matière à part entière. Ca passe par l’enseignement de l’économie et de l’entreprise : ses règles, sa vie, sa diversité, les gisements d’emplois, les métiers de demain. Il s’agit d’analyser en profondeur les goûts et aptitudes de l’élève. Quitte à y passer, en cumulé, un trimestre. A quoi bon, en effet, cirer les bancs de l’école pendant des milliers d’heures, si c’est pour, au final, ne pas même avoir une idée précise de ce qu’on veut faire plus tard, et des secteurs qui recrutent ?

Revenons à l’annonce de notre président casqué. Tout d’abord, justement, ce n’est qu’une annonce. Prudence. Ensuite, Hollande ne dit pas comment il va réduire les dépenses publiques. Par exemple, la disparition des Départements, piste d’économie pourtant évoquée depuis 30 ans, a déjà été écartée, histoire de préserver la susceptibilité des baronnies provinciales. Par ailleurs, en murmurant à l’oreille du Medef, le président brouille les cartes. Il pourrait finalement très bien être UMP, et la droite républicaine (Alain Juppé, Bruno Le Maire, NKM…) à gauche. Je sais pas vous, mais moi, j’y comprends plus rien. Un jour, il faudra bien mettre la balle au centre pour redémarrer le match.