50 000 nouveaux habitants chaque année dans la grande région Languedoc-Roussillon / Midi-Pyrénées : une chance sans conteste, mais un devoir d’équiper le territoire, en transports, logements, réseaux, commerces, infrastructures etc.. A regarder la liste des projets plantés ou en berne, l’affaire n’est pas dans le sac. Tout au sud, ce tramway nommé vraiment désir, qui s’arrête à 1,5 km de la mer, parce que Palavas ne veut pas du tramway – enfin, de la clientèle du tramway – sur ses plages il est vrai so chic. A Nîmes, des plateformes logistiques de Carrefour ou Auchan – il faut bien bouffer – bloquées parce qu’on a trouvé deux outardes canepetière et un rollier bleu.

A Toulouse, le projet commercial Val Tolosa à Plaisance-du-Touch, porté par Unibail Rodamco, a fait l’objet de 27 recours devant la justice – 27, si si. Unibail les a tous gagnés, et à présent le conseil départemental de la Haute Garonne suspend les travaux d’accès, par crainte d’éventuels Zadistes. Le territoire est traumatisé par le drame de Sivens, et la mort tragique, il y a un an, de Rémi Fraisse, ce jeune opposant au barrage porté par un autre conseil départemental (Tarn). Et du coup, certains décideurs n’osent plus rien faire, par peur de dérapage des opposants. Encore plus fort : en terre sainte du rugby, l’extension du stade Arnauné (rugby à 13) vient de faire l’objet d’une enquête défavorable !

Sans compter, partout, les recours dont font l’objet la quasi totalité des projets immobiliers. Qu’ils soient privés ou publics d’ailleurs : les bailleurs sociaux aussi sont attaqués, parce que les riverains ne veulent pas de logements sociaux à côté de chez eux. Dans le BTP, pour de simples travaux d’électricité dans un magasin, il faut plus de temps au chef d’entreprise à remplir les liasses de documents administratifs qu’à effectuer la prestation.

On dit souvent que les grands projets ont du mal à aboutir par manque d’argent. L’explication est un peu courte, vu les centaines de milliards injectés par la Banque Centrale Européenne. François Hollande a promis un « moratoire sur les normes » ou encore un « choc de simplification ». Il les faut pour de vrai, car on ne peut pas d’un côté, se féliciter d’avoir des territoires aussi attractifs, et, de l’autre, bloquer ou retarder la réalisation des équipements et logements nécessaires à leur venue.