Le marché de l’emploi est sinistré façon UMP. Du velours pour les services RH (ressources humaines) des entreprises, grandes ou petites. Le moindre poste à pourvoir est pris d’assaut par des bataillons de candidats de qualité. Une matière première doublée d’une matière grise, à exploiter sans modération et sans contrepartie. Un exemple : une belle entreprise de l’acte de construire, dans les petits papiers des baronnies méridionales, recrute, via l’Apec, un responsable de communication. Salaire annoncé pour cette création de poste : 47 K€. CDI basé à Montpellier. Un tel niveau de rémunération au pays des vacances, ça attire des chalands de qualité : 200 candidatures ! Une vingtaine d’heureux(ses) élu(e)s reçoivent un courrier leur signifiant qu’ils sont sur la « short list ». La gratification est très intéressée. Les finalistes devront en effet produire, lors d’un grand oral, leur stratégie de communication détaillée pour l’entreprise. Voulant décrocher le job, nul doute qu’ils donneront le meilleur d’eux-mêmes et fourniront ainsi, gratuitement, une prestation de consulting qui ne dit pas son nom. Autres pré-cadeaux de Noël : entre l’annonce parue dans l’Apec et le courrier de convocation, le CDI est devenu un CDD d’un an. Par ailleurs, on ne parle plus de 47 K€, mais d’une rémunération « à débattre » – à la baisse bien sûr, alors que le poste à pourvoir s’apparente davantage à un profil de directeur de communication que de « simple » responsable communication.
Il est des débats à la mode, dans la presse économique, qui oublient l’essentiel. Celui portant sur la compétitivité des entreprises a jeté les salariés aux oubliettes. La faute aux syndicats, avares de leurs prés carrés et infoutus de créer un mouvement de masse, à la nordique. C’est pourtant les salariés qui font ou défont, en très grande partie, la compétitivité des boîtes, par leur implication (ou pas), leur compétence (ou pas) et leur expérience. Encore faut-il les encadrer et les encourager. Quid d’un management gagnant-gagnant, d’une formation continue pour tous (pas que pour les cadres bobos des grands groupes), de l’opacité des méthodes de recrutement ? En quoi les salariés (pardon, les « collaborateurs ») seront-ils concernés par le crédit d’impôt de 20 milliards d’euros accordés aux entreprises par Jean-Marc Ayrault ? Qui s’est seulement posé la question ?