Déclic. Ouvert samedi, Perpignan développe jusqu’au 14 septembre le 26ème festival international de photojournalisme, Visa pour l’Image. La réalité hors sentiers battus et médias conventionnels. Exhibée, exhumée, martelée. A voir dans les plus beaux lieux de la ville – Couvent des Minimes, Palais des Corts, Eglise des Dominicains, Campo Santo, Théâtre de l’Archipel…

Quelles pépites cette année* ? Un reportage de Jorge Silva (agence Reuters) à Caracas, dans un gratte-ciel de 45 étages, construit en 1994 pour héberger un centre financier, abandonné après la mort de son promoteur, et reconverti en plus haut bidonville du monde. Instantanés de gamins qui sprintent dans les couloirs, d’habitants désoeuvrés soulevant des haltères sur le toit-terrasse, d’un atelier de couture improvisé par une mère célibataire…

Dans « L’oeil du cyclone », Sea Sutton (MAG / Panos Pictures) shoote l’après-typhon Haiyan, qui a frappé les Philippines le 8 novembre 2013 (6 000 morts). « Les habitants racontent que la baie était complètement vide avant la marée de tempête ». Pierre Terdjman (indépendant) rapporte le naufrage de la Centrafrique, entre bandes armées islamistes de la Séléka et milices traditionnelles. Après le départ des islamistes de la capitale Bangui, une photo montre un jeune homme déguisé en musulman, acclamé par la foule, « s’amusant » à profaner un tapis de prière, en s’agenouillant dessus tout en en buvant une bière. Sur une autre, on voit un commerçant musulman, armé d’une machette, poursuivre ses agresseurs. Tant de tensions et d’incompréhensions symbolisées en deux clichés.
Dans « Le mur et la peur », Gaël Turine (agence VU’) zoome sur le mur de séparation, érigé par l’Inde le long de sa frontière avec le Bangladesh : 3 200 kilomètres de long, 220 000 hommes assurant la surveillance armée de la frontière !

Citons enfin Jean-François Leroy, directeur et âme du festival, et les principaux partenaires de Visa pour l’Image : Canon, Paris Match, National Geographic, Ville de Perpignan, Gettyimages, Elle, France 24, Days Japan, Région Languedoc-Roussillon, RFI, Etat.

Voilà. Le mieux est d’y aller pour les voir. Et rendre hommage à celles et ceux tombés au champ d’honneur. Anja Niedringhaus en Afghanistan, Camille Lepage en République centrafricaine, Andrea Rocchelli en Ukraine, James Foley en Syrie… D’après Reporters Sans Frontières, 44 photojournalistes (pas tous occidentaux) sont déjà morts l’appareil à la main, en 2014.

* Exemples puisés auprès de « Visa pour l’Image 2014 », éd. Snoeck, 208 pages, 25 euros.