« C’est impossible, dit la Fierté ; C’est risqué, dit L’Expérience ; C’est sans issue, dit la Raison ; Essayons, murmure le Cœur », poétisait l’écrivain américain William Arthur Ward (1921-1994).

Personne, début 2016, n’aurait parié un rouble pour la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, un an plus tard. À part Macron lui-même, son épouse et une poignée de fidèles. « Si vous saviez le nombre de fois où on m’a dit que c’était impossible », rétorqua le jeune Président à l’un de ses conseillers qui émettait un doute sur la faisabilité d’un projet de mesure. Personne, le 10 septembre 2001, n’aurait pu prédire la précision chirurgicale des frappes du 11 septembre 2001. Pas même Oussama Ben Laden lui-même, d’ailleurs.
Personne, en mai 1998, n’aurait parié un franc de l’époque sur la victoire de l’équipe de France de football pour la coupe du monde de football, organisée chez elle, en juin et juillet. Le quotidien national L’Équipe avait même titré, en guise d’encouragement, au début de la compétition : « L’Everest en espadrilles ». Personne, à part les joueurs eux-mêmes, et leur entraîneur, Aimé Jacquet. Personne ou presque, dans ma bonne ville de Montpellier, n’a vu venir l’élection du dissident de gauche Philippe Saurel en mars 2014, parti avec une liste de personnalités issues de la société civile. « Vous fonctionnez avec des logiciels du passé », s’amusa le candidat nouvellement élu, face à un parterre de journalistes piteux, qui avaient misé dans leurs colonnes sur un énième match PS / UMP. Personne ou presque n’a vu venir le Brexit, ou Trump, sauf leurs électeurs, qui ne sont ni personne ni rien. Personne ou presque n’a anticipé le krach de 1929 ou la crise de 2008. Personne ou presque n’a osé envisager la tuerie de Charlie Hebdo avant qu’elle ne se produise, malgré les fatwas, ou le 13 novembre 2015, malgré les prémonitions du juge Trévidic.

En amour, vous n’avez pas remarqué ? On a une représentation mentale de la personne qu’on pense souhaiter rencontrer, et on rencontre finalement quelqu’un de différent, voire opposé, à cette représentation initiale. En affaires, c’est lorsqu’on pense une position acquise qu’elle vous échappe précisément.

Rien ne se passe comme prévu, du quotidien banal jusqu’aux grands événements du monde. C’est l’un des grands enseignements que je tire de l’exercice de mon métier de journaliste. Il faut chercher à raisonner selon les matrices de demain pour trouver le bon sujet de Une, sentir les tendances. Le monde d’aujourd’hui ne prend pas appui sur les références d’hier, mais sur celles de demain. Je crois en cette révolution copernicienne, qui en fait pas injure à l’Histoire pour autant. « Le journaliste est l’historien de l’instant », rappelle Camus l’instinctif.

Rien ne se passe comme prévu. Il est donc illusoire d’aspirer à tout maîtriser. Rien ne se passe comme prévu. Il importe donc de ne pas prêter le flanc aux Cassandre et aux pisse-vinaigre qui vous prédisent le pire. Seules comptent la foi, l’intelligence des situations, l’expertise, l’agilité et la persévérance, mère des vertus. « Ils ne tiendront pas six mois », ont fait circuler sur notre compte, et dans le tout Toulouse, des confrères, après notre implantation dans la Ville rose, en février 2015. Trois ans après, nous avons le plaisir d’organiser un « Petit déj M » avec en invitée Carole Delga, présidente PS de la Région Occitanie, ce jeudi 3 mai, au centre de congrès Pierre Baudis, avec 250 décideurs inscrits. Quelques places restent disponibles : www.lalettrem.fr/inscription/242313. Rien ne se passe comme prévu, et je n’ai qu’une seule crainte pour jeudi : que les micros ne fonctionnent pas.