La semaine dernière, Hélène Mandroux, maire (PS) de la 8ème ville de France, fut huée publiquement par des milliers de personnes, avant qu’un nouvel hebdo choisisse de lui servir la soupe pour sa première Une. Un grand écart savoureux et très symbolique.
Flash-back. Lundi 21 mai, lors de la remise du titre de champion de France de football aux joueurs du MHSC à Montpellier, Hélène Mandroux est sifflée par les quelque 30 000 supporters réunis place de la Comédie. A tel point que le désormais immortel Louis Nicollin confie regretter d’avoir cité le nom de l’édile à la tribune. Surtout que ces mêmes supporters ont rendu un hommage appuyé au défunt maire Georges Frêche, lui aussi cité. On peut trouver l’attitude du peuple injuste et facile, ou y voir l’expression d’un malaise plus profond – les « petites gens » et les jeunes font de moins en moins confiance à leurs représentants. Passons. Les faits sont là : Mandroux a essuyé une bronca d’autant plus cruelle qu’elle émane d’une foule socialement modeste, donc censée lui être acquise (si j’ai bien tout compris).
Mercredi 23 mai, pince-fesse CSP+ au musée Fabre pour la présentation d’un nouvel hebdo héraultais, « Jeudi tout ». Le mundillo politico-médiatique local se presse dans un de ces « after-work » (causons comme à Paris, où ils causent comme à New-York) où tout le monde parle fort, et où personne ne s’écoute. En « Une » du premier numéro … on retrouve Hélène Mandroux. Pas pour les sifflets de la plèbe, mais pour se faire l’écho de ses ambitions personnelles : « Je suis candidate aux municipales de 2014 », déclare-t-elle. Une news maintes fois balancée et qui intéresse, au mieux, 500 personnes, bébés et chiens compris, sur les 500 000 âmes de la grande agglo. Je ne critique pas mes nouveaux confrères : ils ont le mérite d’exister et proposent en pages intérieures quelques sujets sulfureux – notamment ce supermarché transformé en lieu de prières pour des fidèles musulmans. De plus, je ne doute pas de leur bonne foi. Ils croient que Mandroux en Une, c’est vendeur. Ça l’est, certes, auprès d’une supposée élite, mais pas pour ces abrutis de supporters qui sifflent, et les autres. L’exemple est local, le mal national. A force de grenouiller entre eux, dans les mêmes bars bobos, à force de copiner avec les puissants et leurs jeux de cons, les journalistes, très souvent, ignorent les gens différents d’eux – socialement, politiquement -, jusqu’à ne plus les voir. Pourtant, l’information, c’est les autres.