Avec Free Mobile, lancé en janvier, Xavier Niel a fait davantage pour le pouvoir d’achat des Français que Nicolas Sarkozy en cinq ans. Des forfaits illimités, avec accès Internet, pour moins de 20 euros par mois. Le papa de la géniale et énervante Free Box n’y va pas de main morte, traitant les abonnés des trois autres opérateurs (SFR, Orange et Bouygues) de « vaches à lait ». Je fais partie du lot : Monsieur Bouygues m’a prélevé 75 euros par mois (hors surfacturations), pendant des années, pour une prestation moindre. Avec Free, je passe à 17 euros par mois. Presque cinq fois moins ! Autant dire que je n’ai pas réfléchi. Et ne me range pas du côté des grincheux : bonne couverture du réseau, réception de la carte Sim dans les temps, accessibilité et compétence de l’assistance téléphonique. Seul hic : Free n’avertit pas ses nouveaux clients de penser à débloquer au préalable leur téléphone, pour que la carte Sim Free fonctionne au changement d’opérateur. On n’est pas tous des geeks de 25 ans.
Les recettes de Free : moins de personnel, moins de dividendes aux actionnaires, terminaison d’appel avantageuse, pas de magasin (tout se passe sur le Net), moins de marges. Et très peu de marketing : plein gaz sur le buzz !
Ces dernières semaines, les trois opérateurs historiques, pris de panique, proposent comme par magie des offres approchantes. C’est donc qu’ils pouvaient le faire. Mais sans la Free révolution, ils n’auraient pas bougé d’un iota. Technique vieille comme le commerce : on s’entend entre supposés concurrents pour maintenir des prix à des niveaux artificiellement très élevés, sur un produit devenu indispensable – envisagez-vous de vivre sans portable ? Bref, le trio escroque des millions de personnes depuis des années, avec l’assentiment de Bercy. La téléphonie mobile, un de ces systèmes mafieux en col blanc, bien propre, avec son discours lénifiant, sa capitalisation boursière, ses cadres grassement payés, pour qu’ils se taisent et développent le sentiment d’appartenance à une secte.
Conclusion : avec Ryanair ou easyJet dans le transport aérien, le covoiturage ou l’autopartage pour réduire les frais de voiture, leboncoin ou ebay pour le e-shopping, vivastreet pour les sous-locations d’appartements…, Free marque l’entrée de plain-pied dans le monde du système D. Vite, des Free bébés pour l’immobilier, le textile, la hi-fi, la grande distribution et l’automobile ! Pressé par une crise qui le dépasse, le lasse et le stresse, le consommateur veut profiter de la vie… à son juste prix.