Tu as la voiture, donc tu as la femme. C’est, en gros, le message élevé que relaient, inlassablement, le monde merveilleux de la pub, votre concessionnaire préféré et, par leur seule plastique puisqu’elles ne parlent pas, les pin-up du salon de l’auto en novembre. Une vague décence du lundi m’incite à ne pas évoquer les chaudes réclames des froids Magnum. Quant au prestataire communication d’Air France, son directeur artistique devait faire grève le jour du brief, pour ne proposer comme argument de vente, dans la campagne « France is in the air », que des courtisanes alanguies ou des Parisiennes cocaïnées. Mais tout cela passe comme un courriel sur votre écran. C’est que, hein, la France est la patrie de l’élégance et de la mode.

C’est dans ce joyeux tableau et dans le contexte nauséeux post/ pré (on s’y perd)-attentats qu’a fleuri la polémique du burkini. Y en a-t-il plus qu’avant sur les plages ? En vrai sudiste, qui aime à traîner ses guêtres sur le sable, ça ne m’a pas, honnêtement, brûlé les yeux. Et il n’y a pas de statistique en la matière. On est donc dans l’à peu-près, sur fond de récupération politique. Jean-Luc Mélenchon l’a dit à sa manière, hier à Toulouse : le burkini, tube de l’été, est à la fois une « farce » et une « honte pour notre pays ». Le conseil d’État ayant invalidé les arrêtés anti-burkinis, des maires de droite annoncent qu’ils les appliqueront quand même, s’asseyant donc sur une décision de l’autorité administrative suprême. Soit.

À noter qu’au sein même des Républicains, le sujet fait débat et ne semble pas si simple. Ainsi, Christian Jeanjean, inamovible maire de Palavas-les-Flots, haut lieu du tourisme héraultais, fait preuve de mesure et ne cache pas son interrogation, dans La Gazette de Montpellier de ce 25 août : « Il faudrait savoir déjà ce qu’est le burkini : est-ce religieux ? Un asservissement de la femme ? Une provocation ? Je ne veux pas me précipiter, il ne faut pas réagir sur un coup de sang. Nos grands-mères ou certaines communautés des gens du voyage se baignent tout habillées. Je n’ai pas la preuve que le burkini soit une provocation. Et puis, il y a la question de comment pénaliser ces personnes si c’est interdit. » Ne jamais oublier, surtout en périodes troubles, le bénéfique exercice du doute, cher au philosophe Descartes (Méditations métaphysiques).

Au niveau national, l’ancien ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, va se coltiner une fondation pour la construction d’un ‘Islam de France’, en charge des questions « sociales, culturelles et éducatives », cause censée réunir « la gauche et la droite » et remettre la laïcité au centre de l’échiquier. Bon courage. En attendant, les beurettes ne daignent toujours pas participer au concours Miss France, et ça, c’est un vrai scandale républicain.