A l’heure où une poignée de ministres déclarent leur patrimoine, et 66 000 millions de péquins leurs revenus, les villes se conjuguent à l’avenir, un an avant les élections municipales. Un avenir sobre et frugal, après les dérives – tout-bagnole, barres HLM ghettoïsantes, zones commerciales « boîtes à chaussures » et marées pavillonnaires – des 40 dernières années. Place à la « Cittaslow » (ville lente). Au programme : autopartage et promotion des déplacements doux, circulation ralentie (le débat sur la limitation à 30 km/h fait rage), jardins partagés, densification pour produire un immobilier proche des équipements, reconquête des friches, lutte contre l’habitat indigne, rénovation énergétique du parc existant, montages permettant de libérer les logements et bâtiments vacants pour les étudiants, les travailleurs saisonniers et les familles en difficulté, créations d’espaces communs dans les futurs immeubles (buanderie, salles de jeux, chambres d’amis)… Des enjeux mis en exergue, la semaine dernière, lors de deux colloques dédiés à l’urbanisme*, que j’ai eu le plaisir d’animer. Des axes forts émergent. Prenons-en cinq. Primo, une réflexion nécessairement collective, à mener à l’échelle des métropoles. En matière d’urbanisme, le temps des clochers est révolu, sauf à vouloir perdre. Secondo, l’anticipation des attentes futures. Comme il faut environ une génération pour concrétiser un projet urbain, les politiques doivent se placer dans la tête des habitants des villes de 2040. Terzo, la place croissance de la concertation. Pour prévenir l’inflation des recours contentieux, l’appropriation des projets par les citoyens devient incontournable. Quarto, la définition de financements responsables. Ces dernières années, l’usage intensif de partenariats public-privé a lourdement endetté les générations futures, avec des exemples de dérives (hôpital d’Evry). Enfin, dans les grandes agglos, une fusion, à terme, des administrations entre ville-centre et intercommunalité s’impose. A la fois pour des économies d’échelle, une action plus efficace et une gouvernance apaisée.
Mais les candidats aux prochaines municipales n’échapperont pas au feu du quotidien : voiries à rénover, trottoirs à décrotter, mini-terrains de foot au pied des immeubles pour sortir les gosses des écrans. On ne se moque pas : chacun connaît le nom de son maire (pas forcément celui de son député, et je ne parle pas du conseiller général), et sa mission vaut tout autant que la Twingo de Duflot et le manoir de Fillon.

* « Montpellier, d’aujourd’hui à 2040 », avec Michaël Delafosse, adjoint à l’urbanisme de la Ville de Montpellier, 8 avril, dîner-débat du Cobaty Méditerranée Montpellier ; « Des bastides aux écoquartiers du 21ème siècle », 13 avril, rencontres rotariennes du Grand Sud-Ouest.