Opcalia, Agefos, Fongecif, Prisme, CarifOref, Aftral, Constructys, VAE… Dans la liste des magazines thématiques (sept par an, le tout aux 35 heures) de La Lettre M, celui dédié à l’emploi et à la formation n’est pas, a priori, celui qui fait le plus rêver les journalistes. Acronymes et financements complexes, acteurs trop nombreux – Etat, Région, Pôle emploi, organismes de formation, fonds collecteurs… -, énièmes schéma directeur ou réforme, code du travail épais comme un Bottin francilien. Au secours !

Et pourtant, l’emploi et la formation nous concernent toutes et tous, au quotidien. Dès l’école. Apprendre à savoir qui l’on est, pour faire ce que l’on veut quand on est grand. Pour gagner des sous bien sûr, mais aussi pour ne pas avoir de nœud au ventre le lundi matin en allant au turbin. Pas anodin. Le travail est, dans la vie, un objet central, moteur. S’il est choisi et non subi, il donne une dignité, si l’on se place sur un plan moral, un sens aux journées, si l’on veut rester factuel, de la liberté et de l’action, si l’on se raisonne sous un angle plus économique. Important à rappeler, à l’heure de la mode du burn-out.

Les raisons de désespérer existent. La façon dont le projet de loi El Khomri – jeune et novice ministre du Travail envoyée, à 38 ans, en première ligne par un exécutif cynique sur un sujet explosif – se vide, semaine après semaine, de sa substance, est révélateur d’une difficulté très française à faire bouger les lignes. Ce n’est pas, pourtant, comme si tout allait bien et qu’il ne fallait pas changer de logiciel.
Une injustice, frappante mais souvent tue, mérite d’être rappelée : ceux qui bénéficient le plus des milliards de la formation professionnelle sont ceux qui en ont le moins besoin, à savoir les cadres des grands groupes. Les moins diplômés et les salariés des TPE-PME n’ont pas le temps, n’osent pas, n’en perçoivent pas l’intérêt ou, tout bêtement, ne sont pas au courant. C’est à ce mal que le plan ‘500 000’ du gouvernement – former 500 000 chômeurs supplémentaires en 2016 – veut en partie répondre. Sur le papier, rien à redire. Plus difficile, sur le terrain, d’harmoniser les achats de formation entre les Régions et Pôle emploi, d’identifier les secteurs qui embauchent tout de suite maintenant, de relier chômeurs et formations…

Zoom sur mon territoire. Avec plus de 500 000 demandeurs d’emploi et un taux de chômage supérieur à 12 %, la grande région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées est confrontée au double-défi de l’emploi et de la formation. Victime de son attractivité, le territoire voit affluer de nombreux actifs venant tenter leur chance. En clair, il compte davantage de nouveaux arrivants qu’il ne crée d’emplois. Les atouts ne manquent pas. Des secteurs porteurs d’emploi – santé, services, tourisme, agroalimentaire, aéronautique… -, des métiers d’avenir pas encore tous connus parfaitement – énergies renouvelables, numérique, réhabilitation énergétique du bâti…

Une double-culture de la mobilité reste à imposer. Mobilité géographique d’abord. « Les jeunes devant voir au-delà de leur canton », insiste Béatrice Négrier, vice-présidente de la Région LRMP déléguée à la formation professionnelle et à l’apprentissage. Mobilité professionnelle ensuite, les salariés devant accepter des réorientations en cours de carrière, « ce qui passe par le deuil, pas toujours évident, de leur métier passé », relève Christophe Carol, directeur régional adjoint de Pôle emploi. Pour aller plus loin, vous pouvez commander un mag ‘emploi-formation’ (www.lalettrem.fr/boutique) ou, moins cher, assister au ‘petit-déj’ de La Lettre M sur ce thème finalement passionnant, ce mardi 12 avril à partir de 8h au Gazette Café à Montpellier (inscriptions sur www.lalettrem.fr/evenement-m). C’était promis : un billet sans excès de chiffre !