Les sorties médiatico-musclées de Manuel Valls et les cours de morale bientôt infligés aux gosses n’y changeront rien : l’autorité, qui ne se décrète pas, fout le camp. Fuites de gaz à tous les étages. A la rubrique des faits divers, cet été, des noyés en pagaille sur les côtes. Et vas-y que je brave les drapeaux rouges, que j’insulte les maîtres-nageurs venus avertir du danger… Pierre de Bousquet, préfet de l’Hérault, demande aux édiles des communes concernées de verbaliser les contrevenants, dont l’inconséquence engage des moyens humains et logistiques considérables. Loin d’obtempérer, les maires de la mer, soucieux de chouchouter leur clientèle touristique, font bloc contre le représentant de l’Etat ! Bel exemple de civisme et de conscience citoyenne.
Mi-août, dans les gorges du Verdon, 65 000 euros d’argent public sont dépensés, et une quarantaine d’hommes mobilisés (hélico, plongeurs, maîtres-chiens..), pour essayer de retrouver deux couples d’amis, après que leurs canoës ont été retrouvés vides. Menée par une certaine « Betty » (beau prénom de film X), la joyeuse troupe est en fait rentrée à la maison sans ramener l’embarcation. Elle s’en sort avec un modique PV, et pour le reste, comme dit Coluche, « c’est nous qui paye ».
A l’école, les professeurs n’osent plus punir les enfants, par peur de la réaction des parents. On en arrive à des scènes ridicules : j’en suis à leur demander de coller mon fils, davantage porté sur les discussions foot que sur le théorème de Pythagore.

D’où vient ce désamour de l’autorité ? Probablement dans l’acception même du mot. On l’assimile à une forme de brutalité militaire. On pourrait tout aussi bien y voir un cadre repérant, un pendant obligé de la liberté. Droits et devoirs.
Et pourquoi les autorités, qui n’ont jamais aussi mal porté leur nom, ont-elles peur de sévir ? Pourquoi ne pas infliger des amendes de 1 500 euros aux baigneurs inconscients, ne pas faire rembourser les 65 000 euros à Betty et ses copains, ne pas rendre obligatoire l’uniforme à l’école publique, etc. ? Les gens sont plus prêts à l’accepter qu’on ne le croit.

D’autant plus que ce laxisme chic et ringard coûte cher et fait du mal. Il est le père des communautarismes et de la violence. Il dévalorise le travail. Il amène le plus sage à cracher sur un professeur, demander un faux arrêt-maladie ou préférer les indemnités chômage à un travail difficile. Il fait le lit des extrêmes qu’il prétend combattre. Il ne fait pas prendre aux élites les mesures qui s’imposent pour réformer le pays. Le pacte républicain, censé relier entre eux les individus, se délite. Follement. Jetez un coup d’oeil à l’horloge sociale : elle indique midi moins une.