… connaît pas la crise, gueulait Bashung. Ma petite (10 salariés) entreprise, bonjour, s’appelle La Lettre M (comme Méditerranée, et non Montpellier). Ce journal économique régional indépendant, 30 ans en 2014, n’est pas mon entreprise. Je n’en suis pas actionnaire. Mais après dix ans de chasse, on se sent un peu chez soi. Bien sûr, tout n’y est pas parfait. Nos cartes de visite ressemblent à des avis de décès et le véhicule de société à un pot de yaourt. On ne fait même pas de séminaire en banlieue parisienne, c’est dire ! Bref, « M », c’est la discrétion d’une vieille dame guindée. Mais l’essentiel est là : une info à la pointe, fidèle au slogan « Savoir avant les autres », au service de plus de 1 500 abonnés. Evoluer en son sein, croiser le boss tous les jours et le tutoyer, fait sens. Les quatre vocations du support : ancrage PME (être les seuls à parler de certaines entreprises), synthèse (abreuvés d’info, les lecteurs veulent un décryptage, des mises en perspective), scoops et suivi des gros dossiers.
Des dix ans vécus place de la Comédie, je retiens quelques dates clés. 2002 : connexion ADSL pour tous (ouf). 2004 : l’équipe commerciale est renouvelée et étoffée. Nouvelle maquette (Pro Edito). Aménagement dans des locaux plus spacieux, au-dessus du café Riche. 2006 : embauche d’un correspondant à Perpignan. 2007 : la rédaction des six suppléments thématiques annuels, réalisés auparavant par des pigistes, est internalisée. Depuis, ces produits montent en puissance. 2008 : naissance de la newsletter quotidienne, qui s’ajoute à l’hebdo papier. 2010 : refonte du site Internet, www.lalettrem.fr (Iocean). Pour rédiger en mode réactif et nomade, les cinq rédacteurs sont dotés de MacBook. 2011 : recrutement d’un responsable du développement. Création des « Petits déjs », rendez-vous business, au Domaine de Verchant. 2012 ? Chut…
Je retiens également les deux anciens gérants, Denis Pons et Alain Thibert, décédés trop tôt (2004 et 2010). Si je ne suis marié avec personne, je continuerai à défendre mes couleurs, les leurs, et à dribbler les coups bas. Comme celui, récent, d’un confrère, Reflex en bandoulière, raillant tout haut, lors d’un point presse, le fait que je prenne une photo à l’aide d’un Iphone : « La presse indépendante est là. » Bel et bien là ! Prête à dégainer, y compris pendant les ponts du mois de mai.