En mode rétro. Que reste-t-il de nos vains temps ? De cet été qui aura été ? Quelques impressions imprécises. Que le monde demeure en réalité très sexué : c’est toujours les garçons qui draguent sur la plage, les mamans qui gèrent pour l’essentiel les enfants et, dans les soirées, les hommes qui gèrent les barbecues. Que tout le monde a son tatouage et que plus personne – ou alors ils se cachent dans les toilettes – ne lit les journaux. Je vais donc  demander à Muriel Pénicaud de me financer une formation de tatoueur pour ma 2e partie de carrière.

Qu’à l’échelle du globe, le réchauffement climatique se fait bien sentir à présent. Sommes-nous prêts pour autant à modifier nos habitudes ? À accepter des péages urbains, des mobilités moindres, des emballages moins individuels, des achats moins frénétiques ? Il y a des motifs d’espoir, comme la condamnation du géant de l’agrochimie Monsanto face au jardinier américain Dewayne Johnson, contaminé par la manipulation d’un herbicide toxique et atteint d’un cancer incurable. Et il y a les motifs de lassitude, face au flot ininterrompu d’excités de l’autoroute, qui déboîtent et collent, en dépit d’un trafic de toutes les façons ralenti. Face au nombre croissant d’enfants obèses ou en surpoids. Un « spectacle » ahurissant, au bord des piscines et des plages, dans cette période dénudée qui révèle, et trahit, les corps.

En tout cas, les gens se noient toujours autant. Grande compassion pour les victimes et leurs familles, mais passée l’émotion légitime, on dirait quand même que l’on assiste à un concours national. En France, 122 personnes sont mortes sur les dix premiers jours d’août, dont de nombreux enfants, d’après Santé publique France. Malgré les messages de prévention et les zones surveillées. Une personne sur six ne sait pas nager. À partir de septembre, on va donc apprendre aux enfants les planètes du système solaire, ou les dates des sacres des rois de France, mais pas à nager. Tout va bien.

Que reste-il, de plus drôle ? Que partir à l’étranger ressource toujours autant, à condition de ne pas parler la langue du cru. Du coup, on ne comprend rien et on ne peut plus entendre d’absurdités – ce qui suffit à passer des moments délicieux.
Que nous regretterons le sage diplomate Kofi Annan – « C’est à chacun d’entre nous de cultiver le meilleur dans sa nature et de lutter contre le pire. »

Que onze gars en short, gaulois ou pas et on s’en fout, ont été champions du monde de football, il y a un mois à peine, en Russie. Nous n’y sommes pour rien, bien sûr. N’empêche, une défaite en finale aurait pourri les vacances. La liesse populaire est d’ailleurs retombée un peu vite, non ? Ère du zapping émotionnel ? Une 2ème fois ne vaut pas la première ? Peut-être, aussi, que rien ne vaut un triomphe à domicile (ce qui fut le cas en 1998). Décidément, la proximité est vecteur d’émotion.

Que je suis heureux de vous retrouver, au fait. Assistance illisible mais lectrice. On repart pour un tour, avec, pour vous, la garantie de vous désabonner à tout instant : aucun enthousiasme de rentrée ne saura vaincre la nouvelle règlementation européenne sur la protection des données, dont nos messageries électroniques sont farcies. Toujours est-il que je continuerai à imprimer des billets sur la Toile. À chacun son tatouage.