Les journées de boulot sont pleines de surprises. Quand, par exemple, je reçois sur ma messagerie électronique une invitation presse de la part… d’un titre concurrent, partenaire média et/ou relations presse (on ne sait plus très bien) d’un événement pourtant organisé par une collectivité publique, et financé par des fonds publics. Proximité malsaine. Ce confrère est-il une agence RP, un prestataire événementiel ou un média ? A titre de comparaison, c’est comme si Les Echos, Le Figaro ou Le Monde s’associait de façon exclusive avec Bercy pour coprésenter, par exemple, les mesures de lutte contre le chômage ou de relance du pouvoir d’achat. Qu’en penseraient, et qu’écriraient dessus, les correspondants du New-York Times, de The Economist ou de la BBC basés à Paris ?

Une autre collectivité refuse de répondre à mes demandes réitérées portant sur le programme pluriannuel d’investissement (construction et rénovation) sur les collèges, et sur les critères de sélection des entreprises dans les commissions d’attribution des marchés. Un « problème de timing », dit la com’. Pour ne pas dire rétention d’info, pratique opposable, heureusement, auprès de la CADA (commission d’accès aux documents administratifs).

Une troisième hésite à me recevoir, croyant ouvertement que je vais demander de la pub en échange d’un article. Un autre, responsable de communication d’une institution consulaire, originaire du monde merveilleux de la publicité, me fait savoir, à l’approche de notre rendez-vous, « qu’il n’a pas de budget » – alors que je cherche juste à me présenter à lui, par correction et souci de travailler ensemble.

Des politiques, institutionnels et milieux économiques et financiers, nous ne voulons ni tapis rouge, ni tapes dans le dos. Juste des basiques – équité, courtoisie, et réponses (même mensongères) aux questions gênantes. C’est accessoirement le fondement de notre République, dont on parle tant aujourd’hui. Aurait-on peur de l’avoir perdue ?

Le 4ème pouvoir traverse une période difficile. Ce n’est pas une raison pour que ses protagonistes fassent n’importe quoi. La crise doit au contraire pousser tous les maillons de la chaîne – rédacteurs en chef, directeurs de la publication, journalistes, pigistes – à respecter et faire respecter scrupuleusement les règles du métier : indépendance, respect des sources, rigueur et sens critique. Soyons-en dignes, au quotidien, et clamons-le. Plus que jamais, les relations pressent.