Et même les trentenaires, avec, entre autres, Ismaël Emelien, tout juste 30 ans, catapulté conseiller spécial d’un président de la République qui, lui, fêtera ses 40 ans le 21 décembre. On imagine déjà, ce jour-là, les Une dégoulinantes des médias, frémissantes dans les frimas, mais c’est un autre sujet. Oui, les quadras prennent le pouvoir, et à d’autres postes clefs que celui de la magistrature suprême : Édouard Philippe, député-maire juppéiste du Havre depuis sept ans, nommé à Matignon ce lundi, à 46 ans. Histoire de fracturer un peu plus la droite et d’ouvrir une nouvelle folle campagne – nous autres journalistes, allons finir cette saison 2016/2017 lessivés.

Un tandem président de la République-Premier ministre avec une moyenne d’âge de 42,5 ans, c’est suffisamment rare et rafraîchissant sous la 5ème République pour le souligner. C’est aussi révolutionnaire que de voir un président élu choisir un gars de l’autre camp, et qu’il connaît à peine de surcroît. Chez nos quadras, on trouve aussi Alexis Kohler, techno surdiplômé et homme de confiance d’Emmanuel Macron, nommé secrétaire général de l’Élysée à 44 ans ; ou encore Sylvain Fort, 45 ans, normalien et agrégé de lettres classiques, qui hérite de la communication. Pas beaucoup de femmes dans tout ça, malgré la parité érigée en règle d’or pour les candidats de la République en marche lors des législatives.

Pas d’enflammade. Dans le « tout nouveau tout beau », se niche parfois le recyclage de vieilles recettes, servies par les mêmes énarques. Par ailleurs, oui chef, les générations se renouvellent. On n’a pas attendu Macron pour ça. Les événements relatés dans le paragraphe ci-dessus racontent surtout la brutalité et la fulgurance de ce changement de cycle. Les choses s’accélèrent. Signe indéniable des temps. Pas d’enflammade, bis : le gouvernement Macron 1, qui va être présenté dans les prochaines heures, réservera des ministères importants à des hommes et et des femmes d’expérience, et il en faut, par avis de gros temps. Par ailleurs, le dégagisme ambiant, qui flotte dans l’air à la manière d’une mode politique printemps/été 2017, doit être modéré. Non, l’expérience et les balafres des combats passés ne sont pas des gros mots, et peuvent même s’avérer d’une grande utilité. Mais quand même, qu’un président tweete lui-même, le jour de son investiture, un selfie avec son ex-équipe de campagne, casse bien des codes. Et fait souffler un vent nouveau, au moins le temps d’un état de grâce.

C’est bien joli, ce billet cadré quadra, mais moi, à moins d’un mois du premier tour des législatives, je me rends compte que je ne connais ni le nom de mon(ma) député(e), ni le numéro de ma circonscription, et je crois malin de l’écrire. J’ai beau chercher sur le web depuis un quart d’heure, l’information demeure introuvable. Quadra…ture du cercle ! Toute relative en comparaison à la stratégie des Républicains, qui vont devoir critiquer l’action d’un gouvernement dirigé par l’un des leurs.