Où sont-elles passées ? Que sont-elles devenues ? Elles qui m’ont fait dire n’importe quoi à pas n’importe qui, qui m’ont fait traverser la France de nuit pour tenter de rattraper un amour déjà perdu ? Elles qui explosaient, sans prévenir, comme ces orages méditerranéens de mon enfance, crevant le ciel et déversant des murs d’énergie sur la terre brûlée.
D’une violence inégalée, à la fois belles et outrancières, elles emportaient tout sur leur passage. Et j’en étais sûrement le premier surpris. Elles m’ont fait perdre des amis qui auraient, peut-être, valu le coup, et rater des grands virages stratégiques à des âges où il faut, déjà, réfléchir et agir sans ire.
C’est qu’elles devaient être terribles à vivre, pour les proches, pour ceux qui m’aimaient. On ne va pas s’excuser, pas ici, pas maintenant, pas ce soir. Non. D’abord parce que vous les avez, vous aussi, ressenties : elles sont, paraît-il, très répandues dans la nature humaine, et connaissent même des problèmes de dosage chez certains. Parfois beaucoup trop, parfois pas assez. Avec des secousses cueillies parfois frontalement, à en perdre la tête, ou tout juste ressenties, par excès de protections.
Mais, quand la jauge est pertinente, elles aident s’affranchir des carcans encodés, des idéologies préconçues, des troupeaux tristes, qui moutonnent en mode monotone. Elles aident à ne pas craindre la solitude, l’ailleurs, l’au-delà, à n’avoir peur de rien en fait. A cet égard, et quelle que soit leur étrange et lointaine source, je m’incline, a posteriori et en silence, sous leur joug.
Follement inconscientes, elles m’ont propulsé plus loin que ce pour quoi j’étais programmé au départ. Où sont-elles passées ? Que sont-elles devenues ? Les colères de jeunesse s’éteignent peu à peu, au rythme des ans, des rendez-vous sans retard, des jeux urbains à démêler, et des relations, qui, peut-être, valent le coup. Elles sont passées à d’autres, et deviennent à travers eux l’énergie du monde de demain. Parfois, cependant, je sens encore leur souffle bienfaiteur dans le dos, portant vers le large et l’océan des mots.
Moi, je trouve ce texte « super bien », et même remarquablement écrit. C’est quasiment de la poesie, et de la bonne.
Tu ne te fâches pas si je te dis : très bien écrit ?! ;-p
Magnifique !
Le temps de quelques lignes, la mémoire de ce souffle, de cette énergie qui même folle est parfois garante de notre intégrité.
Merci pour ce billet mémo … Encore une fois
Du Béru au meilleur de sa forme sur ce billet… Bravo, je me suis régalé à le lire…
Au-delà des colères, c’est l’âme du poète qu’il s’agit de garder… Selon toute évidence, elle est encore là et tu n’es jamais meilleur que quand tu la retrouves…
Amitiés,