Xavier Dupont de Ligonnès est-il toujours en vie ? Si oui, regrette-t-il d’avoir aussi dézingué ses deux chiens, en plus de toute sa famille ? Où se trouvent les petites Fiona et Maëlys ? Combien de victimes ont laissé derrière eux nos monstres hexagonaux, Christian Fourniret et Francis Heaulme ? Pourquoi les procédures judiciaires des disparus de l’Isère ont-elles été si vite éteintes, en laissant croire aux familles que les enquêtes se poursuivaient ? Christian Ranucci, dernier condamné à mort en France, a-t-il tué, ou pas, Marie-Dolorès Rambla ? Savez-vous que son frère, Jean-Baptiste, témoin de l’enlèvement de sa sœur en 1974, est devenu meurtrier récidiviste, incarnant un destin criminel tragique ? Comment Guy Georges, le tueur de l’est parisien, a-t-il pu passer aussi longtemps entre les mailles du filet ? Qui d’autre que le ‘docteur’ isérois Romand, qui a supprimé en 1993 parents, femme et enfants après avoir menti toute sa vie sur un métier (médecin et chercheur) qu’il n’a jamais exercé, portait aussi bien son nom ? Et Thierry Paulin, prince métis de la nuit de la capitale, tueur de vieilles dames le jour (une trentaine de victimes, ça ne plaisantait pas dans les années 80), on en parle ?

Insondables ressorts qui déchaînent les passions médiatiques. Le sang, bien sûr, mais aussi la froideur calculatrice des coupables, leurs incroyables contradictions (Guy Georges était, paraît-il, adorable avec ses copines), les improbables failles judiciaires (« les scellés ont disparu »), les sagas dépassant la fiction (le suicide, en juillet, du juge Lambert, 33 ans après la mort du petit Grégory). Et le statut de victime, dont tout le monde se fout, sauf les familles de victimes. Un drame français.

Bien sûr, une fois achevée la journée, pour passer du lest au zeste, se posent, en option recevable, une lecture-évasion, une soirée moirée entre amis, une musique-baume, un resto aux chandelles, trois matchs de foot toujours recommencés… D’accord. Mais quand même, hein, le soir venu, quand il fait noir dehors, rien de tel qu’un bon vieux « Crimes », « Chroniques criminelles », « Non élucidé » ou, nec plus ultra des émissions frissons, « Faites entrer l’accusé ». Au coin du fou, pour se réchauffer.

Si je deviens tueur en série pour ma 2ème partie de carrière – sait-on jamais –, les enquêteurs-trices noteront dans leur rapport que la Freebox de l’accusé regorgeait, depuis des années, de dizaines et dizaines d’enregistrements portant uniquement sur des faits divers. Avec, perdus dans cet océan cathodique névrotique, quelques « Debout les zouzous » accordés à ses pauvres enfants. Complètement barré, le mec. Et dire qu’il court toujours.