En croissants pour ce petit déj, je pourrais vous conter le bug-buzz d’Orange, les coups de feu dans les night clubs ch’ti ou un « Silence, on tue en Syrie ». Je pourrais. Mais voilà, les jours sont tous les plus longs en juillet. Il fait beau et chaud. Intense incantation des cigales. C’est le temps des mariages au champagne, des voyages majuscules, des plages sans horaires. Même les invitations business sonnent sympa, s’aventurant entre mas camarguais, châteaux lovés dans des domaines viticoles ou paillotes branchouilles les pieds dans l’eau. Le temps se constitue prisonnier derrière les barreaux-rayons du soleil. On en vient même à éteindre son smartphone deux jours d’affilée, histoire d’oublier la machine. Le must se niche dans les détails. Une sieste dans un hamac. Sortir du placard le carnet de recettes d’été, qui roupillait dans la maison d’antan, délicieusement pas propre. Les enfants nous cassent la tête, mais, comme ils disent, « vous aviez qu’à pas boire autant hier soir ». On n’a pas d’autre choix que de les aimer, même si ça ne se dit pas.
Et puis, c’est le temps des amis. On prend le temps de se parler. Les discussions sortent des rails. Ces liens parfois négligés tissent le non-emploi du temps d’été. D’ailleurs, c’est quoi un ami ? Chacun a sa définition. Il y a l’enthousiaste : un ami, c’est celui avec qui on prend du plaisir et partage, sans rien attendre en retour. La sétoise, de l’ami Georges : les copains d’abord. La scientifique : les amis sont le produit de votre capacité à donner et à écouter. La géométrique : les relations se répartissent en cercles concentriques, on en a de très proches, et de plus lointaines. Il y a la triste : les amis, c’est ceux qui seront là à notre enterrement. La numérique : j’ai 427 amis sur Facebook et c’est trop la classe. Ou la pragmatique : l’ami vous prête sa perceuse ou sa voiture un dimanche après-midi, si la vôtre est en panne. Quand vous n’avez pas le moral, il vous ouvre sa porte et rajoute une assiette. Et au dessert, il glisse : « reste donc quelques jours à la maison », une main sur votre épaule, sans demander quel mauvais vent vous amène là.