Après les cartes postales, la lettre recommandée. L’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy officialise son retour politique – qui ne faisait pas de doute – dimanche. Il brigue la présidence de l’UMP fin novembre, puis les primaires à droite en 2016, puis l’Elysée en 2017. Improvisé après l’affaire Bygmalion, qui a éliminé Jean-François Copé, le come-back de Sarkozy se déroulera finalement sur tapis rouge. Après un vote de confiance compliqué pour Manuel Valls à l’Assemblée nationale ce mardi, et une conférence de rentrée très compliquée pour François Hollande, ce jeudi – chômage, déficits publics, vengeance ‘littéraire’ de Trierweiler, phobie administrative du jeune Thévenoud…

En entrant à nouveau dans l’atmosphère, Sarkozy entame un parcours du combattant. L’UMP est divisée, ruinée par le non-remboursement des frais de la campagne de 2012. Ses opposants – Marine Le Pen la première – et ses frères d’armes (dont Juppé, qui trame une alliance atlantique avec le centriste Bayrou), brandiront le bilan économique et les contradictions de son quinquennat. Le rejet dont il fait l’objet, qui l’a fait perdre en 2012, est toujours massif : 60 % des Français ne souhaitent pas son retour. Sur le plan judiciaire, les magistrats instructeurs, désireux de lui faire la peau, ne le laisseront pas respirer une seconde, même s’ils ne l’ont toujours pas coincé. Bref, c’est pas gagné pour Sarko. Il le sait, et adore ça.

Pour Bernadette Chirac (fan de), présider l’UMP « ne le grandira pas » et « brouillera les idées des Français » ? Reste que la fable du sauveur de dernière minute est un peu trop grosse. L’homme est redevenu « un Français parmi les Français », pour reprendre sa propre formule du 6 mai 2012. Le Français comme les autres va donc devoir mouiller la chemise, rassembler des troupes tiraillées, troquer le jet contre le TGV pour écumer les fédérations de pouilleux provinciaux, manger des abats et faire croire qu’il trouve ça bon. Sentir, toucher, entendre, voir cette France « qui se lève tôt », selon la propagande victorieuse de 2007.

Accessoirement, on l’attend sur le fond, l’UMP faisant preuve à ce jour d’un silence assourdissant. Quid de la ligne Buisson (pro FN) de 2012 ? Un subit radoucissement serait-il crédible ? Qu’aurait-il fait à la place de Hollande sur le chômage ? Et pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant ? Va-t-il désintégrer l’UMP ? Interviendrait-il en Irak ?…
Sur la forme aussi. S’est-il (un peu) calmé pendant ces deux années de retrait ? A-t-il appris à déléguer et à respecter ses interlocuteurs ? A-t-il pris la mesure du rôle que vont jouer les nouvelles technologies (réseaux sociaux, stratégie digitale…) dans la campagne qui s’annonce ?
Avec ce retour, voilà la France de nouveau coupée en deux, avec des injures partout ! On va enfin pouvoir se foutre sur la gueule aux repas de Noël. Ce n’est pas le moins important.