Je suis encore jeune, urbain jusqu’à l’ADN, vaguement intellectuel et, paraît-il, membre de la fameuse « catégorie socio-professionnelle supérieure » – les inférieurs apprécieront. Avec un tel profil, pas le choix : je fais partie des 58 % de Français favorables au mariage homosexuel et à l’adoption d’un enfant par deux parents du même sexe. Plus embêtant pour un journaliste : je ne comprends même pas que le sujet fasse débat, à deux jours de la présentation du projet de loi en conseil des ministres.
Bien sûr, beaucoup s’unissent par calcul fiscal, pour ne pas travailler et vivre bien en ferrant un/une conjoint(e) qui roule sur l’or, ou encore dans « l’intérêt des enfants », par convention sociale ou pour conjurer la peur de finir seul. Mais osons donner cette définition hors-Larousse : le mariage est avant tout affaire d’amour. Et les hétérosexuels n’ont pas, n’ont jamais eu, le monopole de l’amour. Déjà onze pays ont légalisé l’union pour tous. Après que les Pays-Bas et la Belgique ont ouvert le bal en 2001 et 2003, la très catholique Espagne a suivi en 2005. Sept ans déjà. Dans ce contexte, la pression exercée par l’assemblée plénière des évêques, ce week-end à Lourdes, est une intrusion inadmissible, et trop peu relevée, dans la vie publique. Quant à l’homoparentalité, il ne s’agit que de légaliser ce qui existe déjà, dans l’ombre, pour des dizaines de milliers d’enfants. Les socialistes, qui ont craché sur Sarkozy pendant cinq ans, n’ont plus beaucoup de salive pour dire et faire des choses intéressantes d’un point de vue économique. Exemple du jour, le rapport Gallois, enterré avant de naître. Mais la gauche reste un vrai marqueur progressiste pour le pays. Les congés payés, c’est eux. L’abolition de la peine de mort, c’est eux. Le congé paternité, c’est encore eux. Les droits des gay, c’est toujours eux. Le premier mariage homosexuel en France sera célébré à Montpellier début 2013, a promis Najat Vallaud-Belkacem. Pourvu que ce soit deux femmes, parce que deux hommes qui s’embrassent, c’est dégueulasse !