Le « French paradox » (paradoxe français) à son paroxysme. Oxymorique à croquer. Les Français couvrent l’avenir de gros nuages noirs, mais font des enfants à tour de bras. Notre capitale est le phare touristique du monde. Ses agents RATP ne baragouinent pas pour autant deux mots d’anglais. Pays de toutes les diversités – avec ses vagues de Ritals, de Polaks, d’Espagnols, d’Africains -, notre Assemblée nationale reste une armée masculine, bien blanche, pas très jeune. Des Blacks et des Beurs, ok, mais pour taper dans un ballon, ou faire rire. Une honte, alors qu’aux Etats-Unis, la Maison Blanche ne l’est plus tout à fait depuis 2008. En avril, entre 15 et 25 % des électeurs voteront Marine Le Pen, bien que chaque année, Yannick Noah soit notre immuable (et incompréhensible) personnalité préférée. Pas question d’aider son prochain (« chacun chez soi »), mais nous sommes des millions à tomber chaque année dans les grossiers pièges à bonne conscience – Téléthon, Enfoirés… Nous entreprenons du bout des lèvres. Les conditions d’émergence d’Ovni à cash comme Apple, Google ou Facebook ne sont pas réunies ici. Pourtant, la « French touch » est mondialement courue, dans le raffiné – mode, luxe, danse, cinéma, musique techno… – et le lourd – automobile, nucléaire, TGV, aéronautique, BTP…

Notre commerce extérieur est déficitaire, mais notre réseau diplomatique est le deuxième du monde -16 000 agents ! Nous voyageons peu, mais véhiculons des valeurs universelles – humanisme, droits de l’homme. Peuple éduqué, nous entretenons un étrange rapport à la vérité, aimant à porter au pouvoir des super-menteurs (Mitterrand, Chirac, Sarkozy). La crise est tellement là que chaque ménage dépensera en moyenne plus de 500 euros pour ses cadeaux de Noël. Lors de la dernière coupe du monde de rugby, un journaliste néo-zélandais déclarait, avant la finale de son pays contre les Bleus : « L’Australie ou l’Angleterre, on sait comment ils jouent. Les Français, par contre, sont complètement imprévisibles ! Ils sont capables de tout. »