Sous la plage de juillet, le pavé des dossiers minés. Dans une semaine, Jean-Marc Ayrault prononce son discours de politique générale. Opération cosmétique en vue : coups de pouce à l’allocation de rentrée et au Smic, postes de profs et de flics, réduction des niches fiscales… Il s’agit de faire croire qu’on mène une politique de gauche, sur fond de hausse d’impôts. Un vrai tour de magie, dans une Eurozone au bord de l’implosion.
C’est tout le paradoxe. Alors que la vision des électeurs s’arrête aux frontières de leur pays, la crise est européenne, et les solutions à Bruxelles. L’équipe Ayrault II a de la ressource – lucidité, expérience, compétence. Mais dira-t-elle la vérité ? Nous ne vivons pas isolés dans une maison fleurie, mais dans un appartement régi par un règlement de copropriété. Signe distinctif de cette cité européenne : les résidents se sont choisis. Au point de partager depuis plus de dix ans la même monnaie. Ils se sont invités à de bonnes grosses fiestas, sans regarder à la dépense. Aujourd’hui, l’addition, la cuenta, the bill, est salée. On ne compte plus les plans de sauvetage. L’endettement n’est pas un drame en soi. Pour avancer, une entreprise, un ménage, un pays…, doivent emprunter. C’est signe de projets et de confiance en l’avenir. C’est quand les créanciers ne veulent plus vous prêter, ou à des taux rédhibitoires, que ça coince.
L’Europe en est là aujourd’hui : une monnaie unique dans un espace ouvert, mais autant de politiques fiscales et sociales que de pays membres. Les marchés financiers et agences de notation ne croient plus en ce montage sans courage, s’arrêtant au milieu du gué. Le signal qu’ils envoient en dégradant nos banques et dettes souveraines n’est pas (que) spéculatif. Il incite à aller plus loin, et vite. Au pied du mur, les gouvernants créeront-ils une Europe fédérale ? Les peuples du vieux continent sont plutôt favorables à un transfert de souveraineté vers un gouvernement européen. Les joueurs de l’équipe de France de foot ont eux-mêmes donné l’exemple samedi soir. L’attaquant Jérémy Ménez a ainsi insulté l’arbitre italien dans sa langue natale, et ses coéquipiers ont bien ri sur le terrain avant et après la défaite, en discutant le bout de gras avec les Espagnols. De vrais Europhiles !