Mois de mars sanglant sur l’Hexagone. A Toulouse et Montauban, Mohamed Merah, 23 ans, exécute sept personnes (trois enfants, un père, trois militaires) en leur tirant dessus à bout portant, avant d’être abattu par les hommes du Raid. Marion, 14 ans, est mortellement lardée d’une cinquantaine de coups de couteaux. Son corps est retrouvé dans des toilettes publiques de la banlieue nantaise. L’assassin présumé est âgé de 25 ans. Alexandre, 17 ans, est assassiné de deux balles dans la tête par quatre camarades (deux fois deux frères), issus de familles respectables, et âgés de 15 à 17 ans. Ils l’ont attiré dans un guet-apens, dans une forêt de Seine-Maritime, où ils l’ont exécuté et brûlé son corps.
En janvier, le corps de Maxime, 14 ans, est retrouvé carbonisé dans le Doubs. Il a été frappé à la carotide à l’aide d’une arme blanche. Son assassin présumé est âgé de 17 ans. En novembre, le corps d’Agnès, 13 ans, scolarisée au Chambon-sur-Lignon (Haute Loire), est retrouvé calciné dans un sous-bois. Elle a été violée avant d’être tuée. L’auteur présumé du crime, lycéen de 17 ans, a déjà été condamné en 2011 à de la prison avec sursis pour des faits d’agression sexuelle. Egalement en novembre, Océane, 8 ans, fillette de Bellegarde (Gard) est tuée de quatre coups de couteaux, après avoir subi des attouchements sexuels. Son corps a été jeté dans une vigne. L’assassin présumé se rend à la gendarmerie, déclarant « avoir beaucoup bu le soir de la disparition d’Océane, et ne se souvenir de rien » Les tests ADN le confondent. Il est âgé de 25 ans.
Assaillis par la presse, les procureurs, souvent, évoquent « le caractère exceptionnel » de ces drames impliquant des ados, ou de très jeunes adultes. La liste ci-dessus, non exhaustive mais exacte, prouve le contraire. L’ultra-violence gagne les plus jeunes. C’est inquiétant bien sûr, et ça questionne l’évolution de notre société. Pourquoi des comportements aussi barbares, à l’aube de la vie ? A qui la faute ? Les institutions scolaires et sociales, dépassées ? Le système judiciaire, inadapté ? Les parents démissionnaires ? Les délires soi-disant religieux ? Les films, séries, jeux vidéos, banalisant le meurtre jusqu’à en faire de coûteux cadeaux de Noël ? Un cocktail de tout ça, sans doute. Nous sommes tous responsables de la perte de repères qui va crescendo, de l’abolition des frontières entre le bien et le mal. Chacun peut agir et prévenir (sans garantie de résultat), à son tout petit niveau, ou choisir de baisser les bras, à son tout petit niveau. « Laisse pas traîner ton fils, faudrait pas qu’il glisse », rappait NTM. Démodé, ce groupe.