Sur le papier, c’est dans la poche. Avec onze départements sur treize aux mains des socialistes ou du PRG, et les deux exécutifs régionaux dirigés par le PS, la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées est l’une des mieux placées pour rester à gauche, le 13 décembre prochain. Pour relever le défi, un tandem paritaire a été constitué, composé de la toulousaine Carole Delga (tête de liste), qui vient de quitter le gouvernement pour faire campagne, et du gardois Damien Alary, actuel président de la Région LR. Le duo lancera sa campagne ce samedi 27 juin à partir de 9h, devant la presse et les militants, au Gazette Café, nouveau lieu branché de Montpellier, en présence de Martin Malvy.

De surcroît, à droite, la campagne de Dominique Reynié, investi fin avril à Sète, patine : le politologue est brillant mais inexpérimenté, il ne reçoit pas le soutien des grognards locaux, et des référents locaux sont embourbés dans des soucis judiciaires, comme en attestent les récentes mises en examen pour le moins pathétiques des maires de Tarbes (Gérard Trémège) et de Montauban (Brigitte Barèges) pour, pêle-mêle, détournements de fonds publics, prise illégale d’intérêt, favoritisme et trafic d’influence passif.*

Mais le spectre d’une, voire deux, candidature(s) dissidente(s) à gauche se précise. Le 7 juin à Gruissan, les élus et fédérations PRG de la nouvelle grande région « ont décidé de présenter des listes autonomes, sauf accord éventuel avec le parti socialiste dans un délai rapide », indiquent-ils dans un communiqué. « Le PRG ne sera pas le porteur d’eau du PS. Nous ne bluffons pas. Les relations sont très tendues avec le PS », plaque l’ex-rugbyman Didier Codorniou, maire de Gruissan (Aude). La ministre du Logement, Sylvia Pinel, native de L’Union (Haute-Garonne) et Jean-Michel Baylet, patron du PRG et du Groupe La Dépêche du Midi, battu lors des élections départementales dans son ancien fief du Tarn-et-Garonne, mèneraient l’offensive.

Deuxième caillou dans la chaussure du PS régional : Philippe Saurel, maire DVG de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole. Exclu du PS en janvier 2014 pour avoir maintenu sa candidature aux municipales, malgré l’investiture par les militants de Jean-Pierre Moure, Philippe Saurel surfe sur la vague d’un mouvement qu’il veut « divers gauche, citoyen et écologiste ». Et voue une rancune tenace à ses anciens camarades. Il dédicacera son livre « Réparer la République » (éd. Privat), ce… samedi 27 juin à Montpellier à la librairie Sauramps, en écho à la conférence de presse de Carole Delga. « Je ne fais pas d’accord avec les partis politiques. Si je vais aux élections régionales, je constituerais des listes qui seraient faits par la République d’en bas, des élus locaux, des maires et des citoyens », confie-t-il. Face aux incertitudes, les listes du PS, votées le 9 juillet, seront susceptibles d’être remaniées, au gré des accords potentiels avec les ennemis d’aujourd’hui.

* Toute personne non condamnée est présumée innocente.