12 août 2012, Londres : l’équipe de France conserve son titre de championne olympique de handball, sport propre et sympa. 30 septembre, Paris : interpellation de la star Nikola Karabatic, par ailleurs ambassadeur de la Ville de Montpellier (vos impôts), avec seize autres personnes, dont six de ses coéquipiers du MAHB (Montpellier Agglomération Handball, vos impôts). 1er octobre : la capitale nationale du hand se réveille groggy, entre colère et atterrement.
Rappel : plusieurs joueurs héraultais sont suspectés d’avoir parié, ou fait parier par leurs copines intellos – l’une est animatrice à NRJ 12, c’est dire -, de grosses sommes sur leur défaite face à Cesson-Sévigné, le 12 mai. Défaite qui s’est produite (28-31),  permettant aux suspects d’empocher quelque 200 000 euros de gains, pour 70 000 euros de mises. Ces niveaux inhabituels de paris, l’œuvre de « pieds nickelés » et de « sales gosses » selon Patrick Vignal, conseiller aux Sports de la Ville, ont alerté La Française des Jeux.
Une information judiciaire a été ouverte, visant des faits de corruption active et passive, d’escroquerie et de recel d’escroquerie. Ce présumé délit d’initié ternit l’image et le devenir du club, institution 14 fois champion de France, et grand pourvoyeur d’internationaux.
Restent, pour l’affaire en cours, des questions-clé : quel intérêt, pour Karabatic, icône publicitaire (le gentil bad boy) et meilleur joueur mondial, de risquer sa carrière pour quelques milliers d’euros de plus, alors qu’il en gagne déjà 100 000 par mois ? Aucun, sauf à vouloir prouver son invulnérabilité. Les paris, que les gardés à vue reconnaissent, prouvent-ils que des joueurs de Montpellier ont laissé filer le match à Cesson ? Qui a pris part à ce prétendu non-match : toute l’équipe (y compris les non-parieurs), ou seulement les quelques joueurs incriminés ? Dans ce deuxième cas, comment rater volontairement des gestes, sans y paraître auprès de ses coéquipiers, pour laisser gagner l’adversaire ?  Les conséquences seront-elles uniquement sportives – les joueurs n’ayant pas le droit de parier – ou également judiciaires – match truqué ?
L’hypothèse du club commanditaire semble en tout cas à exclure. Quelle que soit l’issue de ce vaudeville moderne (l’argent, l’argent, l’argent), j’ai une pensée, ce matin, pour le manager général du club, Patrice Canayer, dont on parle peu. Coach passionné, artisan de l’excellence, il doit se sentir trahi par certains de ses joueurs qu’il a fait grandir. Ces mêmes joueurs qui auraient tout gâché pour pouvoir partir un peu plus loin en vacances, avec une animatrice télé un peu plus blonde décolorée. C’est toujours la même ritournelle : l’éducation, l’éducation, l’éducation.