Revue de presse pressée. A ma droite, la guerre des égaux (50/50 %) entre Fillon et Copé. La guerre des egos, aussi : chacun des deux se contrefout de la présidence de l’UMP, mais la veut à tout prix, persuadé que ce mandat est le tremplin indispensable pour la présidentielle 2017. Les militants apprécieront. A ma gauche, le duo Taubira (Justice)-Valls (Intérieur), abonné au vol Paris-Ajaccio, tient sur l’île de Beauté une conférence de presse, juché derrière des pupitres en forme de triangle. Le triangle en question pointe volontairement l’assistance, comme pour dire « l’Etat est là ». Les clans corses en tremblent encore.
A l’ouest, du nouveau : la fronde contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’intensifie. Et cristallise une question : quelle société veut-on pour nos enfants ? Restera-t-on dans le « toujours plus », sur le modèle du « tu pollueras, mon fils » ? Les gros porteurs du projet promettent 9 millions de passagers à un horizon de science-fiction : 2050. Au rythme de la croissance européenne (faible) et de la dégradation environnementale (forte), on se permettra d’en douter. Déraison d’Etat oblige, les ministres écologistes du gouvernement Ayrault ne trouvent pour une fois rien à redire, sur un sujet qui les concerne pourtant un petit peu.
En ce lundi de novembre, l’air frais vient de la Catalogne espagnole. Les électeurs de cette puissante région*, appelés aux urnes dimanche, ont exprimé leur tentation indépendantiste. La riche et déjà autonome Catalogne estime en effet que l’Etat central lui prend beaucoup plus que ce qu’il lui donne, creusant ainsi sa dette (44 milliards d’euros, tout de même). Un référendum d’auto-détermination sur l’avenir du statut de la Catalogne se tiendra d’ici à 2016. Le 11 septembre, près d’un million de Catalans avaient défilé pacifiquement dans les rues de Barcelone, aux cris de « la Catalogne, nouvel Etat d’Europe » et « Independencia », provoquant ces élections anticipées. Bien bel épisode démocratique, pour un pays en pleine dépression économique, et qui résonnait encore du bruit des bottes militaires en 1975.
* 7,5 millions d’habitants, 20 % du PIB de l’Espagne, 30 % des exportations, 23 % de l’industrie, 25 % du tourisme et 40 % de la recherche de haut niveau.
L’égoïsme forcené des hommes politiques n’est pas nouveau, simplement, maintenant on le voit en direct à la Télé. Si seulement, au lieu de faire du grand spectacle à la Sarkozi, chacun prenait soin d’expliciter ses valeurs et ses principes de base, les choses seraient plus claires
Par ailleurs, je ne suis pas sûr que l’exemple de la Catalogne soit bon pour la démocratie. Là aussi l’égoïsme est à l’oeuvre, comme en Italie (ligue du Nord) ou en Belgique flamande. La révolution française a fait faire une avancée à la démocratie en abolissant les péage et autres droits de douanes entre provinces. C’est ce que l’Europe tente de faire, C’est ce que les provinces riches ne veulent pas. C’est une réaction à courte vue, car c’est en élargissant les marchés que la richesse se répand (là encore, exemple de la France du XIX° après supression des barrières entre province et généralisation du chemin de fer) et que du coup la démocratie avance.