Avis de tempête dans le monde parfois étriqué des PME (petites et moyennes entreprises). Après les ordonnances réformant le code du travail, arrive la loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), censée simplifier le quotidien des entreprises et promouvoir les dispositifs d’intéressement et de participation. Tout arrive. Avec la prudence qui s’impose : de telles mesures ont déjà été maintes fois annoncées dans le passé. Et « la parole est l’ombre de l’action », disait le philosophe grec Démocrite. Les PME françaises restent sous-capitalisées et peinent à croître vers un statut d’ETI (entreprise de taille intermédiaire). Le manque de compétences sur le marché de l’emploi est le principal frein à l’embauche, d’après les patrons.

Une chose est sûre, 2 400 ans après Démocrite, les codes changent, entre transformation digitale, travail nomade, télétravail, coworking, flex office (pas de bureau attitré), management collaboratif… On n’en est pas encore à afficher les salaires dans les couloirs de tous les collaborateurs, comme dans les pays civilisés. Mais on quitte peu à peu le culte de l’organigramme jauni placardé à l’entrée, les horaires fixes et les guerres entre services considérées, de façon absurde, comme un passage obligé.

Dans ce nouveau monde, une règle d’or subsiste pour les entreprises : la place centrale du foncier d’activité et de l’immobilier, comme le décryptera La Lettre M dans son Mag à paraître le 26 juin. Les mots-clefs restent les mêmes : emplacement, accessibilité, prix, très haut débit. Pour une entreprise, un projet d’implantation ne se prend pas à la légère. Il reflète des valeurs, et dégage une image auprès des salariés, clients, prestataires et fournisseurs. Au-delà de ces basiques, certaines attentes se font plus pressantes : une desserte par les transports en commun en milieu urbain, une mutualisation des services (comme la gestion des déchets) ou des paramètres faussement anodins, comme une acoustique performante. À l’heure du e-commerce et du lean management, l’enjeu de la logistique pèse aussi de tout son poids. La Lettre M a identifié les principales zones où implanter son activité logistique en Occitanie : des données utiles, et pas disponibles ailleurs !

Pour préserver le foncier, devenu une denrée rare, les collectivités doivent repenser leurs zones d’activités. Requalification et densification, substantifs dédiés d’ordinaire à l’urbanisme, s’appliquent désormais également développement économique. La question seule de l’aménagement de zones ne suffit plus. Le marketing devient incontournable, comme en témoignage le succès rencontré par la marque OnlyLyon, et sur laquelle notre rédaction s’est penchée (rubrique « Vu ailleurs »). Il s’agit aussi de garantir l’animation et la gouvernance des zones d’activités, pour que l’information circule et que les entreprises se sentent accueillies et considérées dans les territoires. On le dit peu et pas assez : les zones d’activités sont, au même titre que la culture, le sport ou l’architecture, un outil d’attractivité puissant. Et, accessoirement, on y crée beaucoup d’emplois.