Garantir, ou rétablir s’ils ont été supprimés, des menus avec porc dans les cantines scolaires : voici la première action du FN municipal prônée par Marine Le Pen sur les ondes de RTL, le 4 avril. D’après la chef de file du Front national, qui aime à se placer sur le plan du droit (profil d’avocat oblige), il s’agit de « sauver la laïcité qui est en très grave difficulté. Il n’y a aucune raison pour que le religieux entre dans la sphère publique, c’est la loi ». On voit le stratagème politique : toucher l’électorat au coeur, à savoir ce que mange sa progéniture à l’école de la République.

Marine Le Pen se trompe de combat, comme le résume brillamment mon confrère Samuel Laurent (Les Décodeurs, Le Monde, http://bit.ly/1lLqmCD). Je vous invite à le parcourir entre deux tranches de saucissons. Que dit-il, en substance ? Que la question du non-porc à la cantine est avant tout économique, et pas religieuse. Que « la majorité des cantines proposent depuis bien longtemps des plats de substitution. Non seulement au porc, mais aussi, par exemple, au poisson – poisson très fréquemment servi le vendredi dans les cantines, par tradition… chrétienne. » Enfin, que les mairies gagnées par le FN prévoient déjà des repas de substitution au porc.

De surcroît, sa polémique fait pschitt. Raté. Qu’attend son électorat de Marine Le Pen ? Un discours musclé, sur des points sociétaux : l’autorité auprès des jeunes, le sacré du respect des symboles publics (flics, profs, médiathèques et gymnases du quartier,..), la sécurité pour les plus faibles dans les quartiers sensibles, de vrais moyens, financiers et judiciaires, pour lutter contre les réseaux de la drogue et de la prostitution.

Assez mariné. On ne va pas se la raconter. Soit la France intègre ses enfants et petits-enfants d’immigrés, soit elle glisse vers une dérive communautaire façon pré-guerre civile. C’est pire que les déficits publics, la croissance zéro et le chômage à 11 %, cette histoire. Il va falloir jongler entre coups de pied au cul bien plus vigoureux (aux délinquants récidivistes et aux mineurs en perdition notamment) et nécessaires signes d’apaisement – tu choisis ta viande, tu as un jour férié comme ton frère catholique, et on te dit pardon pour le sang d’Algérie. A ce jour, aucun politique n’y est parvenu. Mais est-ce seulement à l’ordre du jour de leurs prises de brief ?