L’économie, une vieille dame revêche ? A voir. Journaliste par conviction, j’ai échoué par hasard sur cette île, peuplée de remises de prix rasantes, d’entrepreneurs pressés, d’urbanisme, de zones logistiques et d’innovation technologique. J’y croise des gens souvent sains et sympas, rarement bavards au début, toujours passionnés. Bien sûr, il arrive qu’il faille démêler le vrai projet de la pure fiction, l’info de la com’, le renseignement de la manipulation. Jeu d’intox. Je ne gagne pas à chaque coup, mais garde la même recette chevillée au Mac – une bonne dose de liberté, un zest d’indépendance, 200 grammes de rigueur, un filet de curiosité.

Ce que je préfère ? Les sujets fabriqués de A à Z, façon maison de qualité*. Comme ce récent scoop sur Damien Lerasle, un jeune de 20 ans qui réalise déjà son rêve de gosse, en ouvrant, en mai prochain, un zoo riche de 300 espèces (surtout des oiseaux), dans le Biterrois. Soutenu par Yves Carcelle, ex-DG de Louis Vuitton, le zoo du Val d’Hérault créera 30 emplois à son ouverture.

Ou encore, ce reportage dans les entrailles du nouveau pôle de formation des industries technologiques, fort de ses 400 apprentis (futurs soudeurs, chaudronniers, tuyauteurs, opérateurs, électromécaniciens…), et inauguré le 3 octobre aux portes de Montpellier. Frédéric Saint-Geours, président national de l’UIMM, rappellera que oui, l’industrie délocalise et perd des emplois, mais qu’elle a aussi ses pépites et ses poids lourds, à même de déposer des brevets, d’exporter et de recruter sur des métiers qualifiés.

Autre exemple : à l’occasion des Journées du Patrimoine, plongée au cœur de l’entreprise Py, spécialisée dans la rénovation de monuments historiques (http://bit.ly/18N6wk5). Py, ses tailleurs de pierre, ses couvreurs, ses maçons traditionnels… et ses anecdotes : les colonies de chauves-souris qui bloquent les travaux ; les recherches menées avec des laboratoires pour élaborer un matériau s’approchant au plus près du marbre rouge du prieuré de Serrabone (11ème siècle), qui n’est plus exploité aujourd’hui ; la rénovation ‘perpétuelle’ (marché annuel depuis 25 ans) du fort militaire de Mont-Louis, culminant à 1 700 m. Raymond Fondeville, PDG de Fondeville, maison-mère de Py, m’a glissé, dans un courriel de remerciement post-parution : « Même moi j’ai appris quelque chose ! » De loin, le plus beau compliment en 12 ans de carte tricolore. On démarre la semaine là-dessus : vivre sans passion, c’est mourir tous les jours.

* parus dans La Lettre M (www.lalettrem.fr) et/ou Les Echos (www.lesechos.fr).