Non, pas une journée de repos – ont-elles loisir de se reposer vraiment une journée entière ? -, mais un grand truc mondial. Pour qu’une fois par an au moins, le tourbillon de la vie ralentisse, et qu’on rende hommage, vaguement et collectivement, à la moitié de l’humanité. Celle qui porte le monde. Pour rappel, Messieurs, c’est demain la journée internationale des droits des femmes.

Y a du boulot. Bien sûr, depuis un demi-siècle, les choses avancent, surtout dans les pays occidentaux : contraception, accès au travail et donc à l’indépendance, liberté de rompre une union, lobbying féministe intense et abondamment relayé dans les médias… Oui mais. Les femmes sont sous-représentées dans les comités exécutifs des grandes entreprises, à l’Assemblée nationale, dans les partis politiques, dans les cercles d’influence. J’entends trop souvent, lors d’événements publics, une femme éminente, présente dans la salle, citée uniquement parce qu’elle est une femme. Comme si c’était un signe distinctif. Je couvre ou anime trop souvent des tables rondes, forums, colloques…, où les intervenants experts sont exclusivement, ou presque, masculins. Je vois trop souvent, dans les soirées économiques, les prix remis par de jeunes hôtesses en tailleur court et talons 10 cm (et elles n’ont pas le choix) à des patrons mâles. A ce titre, l’ex-Région Midi-Pyrénées n’a pas manqué d’humour, en novembre dernier à Labège (31), lors d’une remise de trophées au féminin : de jeunes stewards (pas en tailleur court) apportaient sur scène un chèque aux dirigeantes lauréates. Pas mal.

Un chiffre parle. Elles sont plus exposées au travail à temps partiel. En 2014 en France, 78,1 % des personnes travaillant à temps partiel entre 15 et 29 heures par semaine sont des femmes (Insee). La précarité (ressources insuffisantes, logements exigus et/ou indécents) ne les épargne pas : elles représentent la quasi-totalité des familles monoparentales. Seule la moitié des mères de famille monoparentale occupent un emploi à temps complet, alors qu’elles fournissent en général l’essentiel des revenus du ménage (toujours Insee).

Partout sur la planète, elles sont les premières victimes de la violence et de la bêtise des hommes. Si différentes d’eux, par leur sensibilité, leur sens instinctif des vraies priorités et leur façon, moins guerrière, plus consensuelle, de voir le monde. Le chanteur Renaud, qui revient encore une fois d’entre les morts, l’a si bien chanté il y a 30 ans avec le toujours culte « Miss Maggie ».

Sexe faible ? Méfiez-vous des apparences. Je croise dans mon métier de sacrés bouts de femmes. Au CFJ Paris, il y a quinze ans, une journaliste en herbe qui rêvait de grand reportage planétaire. Ce qu’elle fit, et fait, avec brio, pour l’AFP : Banque centrale européenne à Francfort, actualité de la Maison-Blanche à Washington, élection historique de Barack Obama en 2008, séisme à Haïti, suivi des GI’s dans leurs opérations extérieures etc.
Aujourd’hui, des gamines ne payant pas de mine, l’une ayant déjà couvert, appareil photo en bandoulière, des camps de réfugiés en Cisjordanie, l’autre ourdissant, sous ses faux airs de faux cils, des déplacements dans des pays en guerre, à même pas 20 ans.  » Vous croyez qu’elle trouvera le lieu de la conférence de presse, votre petite pigiste ? », me demandait un jour un directeur de communication. « Oui M’sieur. Elle a couvert des conflits armés au Proche-Orient, donc elle devrait pouvoir trouver le lieu de la pose de la première pierre de la nouvelle résidence senior. »

La meilleure pour la fin, celle qui ne va peut-être pas au bout du monde, mais partage mon cassoulet. Elle m’agace certes à remplir la carafe d’eau à ras bord – on en fout partout quand on se sert. A chasser exagérément les poussières. Mais alors ? Je l’agace aussi, sans nul doute – j’en suis sûr, même. C’est le jeu. Et elle me supporte, aux deux sens du verbe, depuis cinq ans. Record battu, et en cours !