Ca c’est du scoop : Toulouse est pressentie comme future capitale de la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon (LR) /Midi-Pyrénées (MP), à naître le 1er janvier 2016. Montpellier perdra donc son statut de capitale régionale, comme par exemple, dans ces nouveaux ensembles territoriaux, Clermont-Ferrand ou Caen. Si, pour le grand Sud-Ouest, l’information n’a rien d’une surprise, elle a été confirmée ce matin par Europe 1, citant des sources gouvernementales. Montpellier la surdouée déclassée.

En chiffres : d’après l’Apec, la moitié des cadres de la future grande région se situe dans le Grand Toulouse. La claque. L’Insee en rajoute une couche : sur les 50 plus grands établissements privés de cette région, « 28 se situent dans l’aire de Toulouse, et la quasi totalité des 22 autres en MP », explique Jean-Philippe Grouthier, directeur de l’Insee en MP. Rappelons les données démographiques : 1,2 millions d’habitants pour le Grand Toulouse, 700 000 habitants pour le Grand Montpellier. Sans oublier le PIB par habitant, nettement supérieur à Toulouse, du fait de la présence tentaculaire d’Airbus – 13 000 salariés, plus grand site industriel de l’Hexagone. Bref, la ville où l’on se fait deux bises, et où « même les mémés aiment la castagne » (je confirme), l’emporte sur celle où l’on se fait trois bises.

Pour Montpellier, ville-demoiselle belle et prétentieuse, la perte de statut sera à terme positive. D’accord, des flopées de cadres administratifs – Insee, Pôle emploi, SNCF, Direccte, Dreal, chambre régionale des comptes, ARS, directions des services de la Région… – vont aller bouffer de la brique rose. Autant de hauts salaires en moins, dans une métropole méditerranéenne qui en compte déjà peu. Mais ce sera aussi l’occasion, pour ceux qui restent, de se mettre (enfin) au travail, et d’élever les esprits au-dessus des querelles de clochers.

Comment les Toulousains voient-ils leurs futurs esclaves ? Comme une terre de pinard, de vote FN, d’inondations, de joueurs de guitares et de plagistes semi-mafieux. J’exagère à peine. Ils devront néanmoins composer avec un espace littoral fort de son tourisme, de ses universités et de trois villes de plus de 100 000 habitants – Nîmes, Perpignan, Montpellier.
Toulouse et Montpellier, contraintes au mariage de raison : c’est le thème du prochain petit-déjeuner de La Lettre M (www.lalettrem.fr), le 28 avril à La Gazette Café (Montpellier), en présence des ‘médiateurs’ des deux métropoles, François Chollet et Max Lévita.

« L’idée n’est pas de comparer indéfiniment les deux régions, car demain elles ne feront qu’une », conclut Jean-Philippe Grouthier. Et les Montpelliérains sont quand même des mecs sympas : leur équipe de foot a laissé la victoire au Téfécé hier soir, pour permettre à Toulouse de se maintenir parmi l’élite, et de les y retrouver l’an prochain. Voilà une bonne base de travail.