Quand les banlieusards trinquent. La circulation alternée à Paris et Lyon, du fait d’une pollution exceptionnelle aux particules fines et au dioxyde d’azote, a été décidée par les Villes et les préfectures des deux principales métropoles hexagonales, la semaine dernière. Bien sûr, la politique en faveur du diesel est un scandale d’État. Les responsables écologistes ont raison de le rappeler. Bien sûr, les particules fines (d’un diamètre inférieur à 2,5 microns) sont particulièrement nocives pour la santé. Elles peuvent générer des cancers, de l’asthme, des allergies, des maladies respiratoires ou cardio-vasculaires. Et le dioxyde d’azote NO2, que rejettent surtout les moteurs diesel, favorise, lui, l’asthme, voire les affections pulmonaires chez l’enfant. Voilà qui calme.

Oui mais. En Île-de-France, alors que les transports en commun ont été très perturbés mardi et mercredi, les automobilistes ne semblent pas avoir renoncé à leur voiture : un pic de 415 kilomètres de bouchons a été observé jeudi, contre 300 habituellement, rappelle Le Monde. Un appel au « civisme » a été lancé. Pour les contrevenants, la sanction est assez faible (22 à 75 euros) d’amende et les contrôles peu fréquents : 2 600 contrôles et moins de 600 infractions constatées mercredi.

Oui mais, bis. D’autres activités humaines polluent l’air : industrie, chauffage, agriculture. Pour quelles mesures coercitives à leur encontre ? Des usines d’incinération continuent de fonctionner aux portes de Paris. Comme celle d’Ivry-sur-Seine Paris XIII, qui semble n’émouvoir personne. « Cette usine produit, chaque année, dix tonnes de poussière, 630 kilogrammes de métaux lourds et autres oxydes d’azote, de carbone, dioxyde de soufre, acide mercure et de la dioxine qui sont, en partie, projetés dans l’atmosphère par l’intermédiaire de ses cheminées », rappelait, en avril 2015, Catherine Procaccia, sénatrice LR du Val-de-Marne.

Des espoirs, cependant, font survivre. Les règlementations prennent du temps – isolation des bâtiments, par exemple -, mais agiront sur le long terme, dans un siècle qui sera marqué par l’enjeu écologique. La France n’est, de plus, pas en reste en matière de mesures de protection de l’environnement. Demandez aux opérateurs industriels et autres porteurs de projets d’infrastructures. Enfin, et surtout, la société civile – collectivités locales, associations, citoyens -, agiles, créatifs, réactifs, prend la question à bras le corps, doublant les États. La quête d’un air moins vicié pour nos enfants s’exprime désormais clairement. La campagne présidentielle qui s’ouvre ne pourra faire l’impasse dessus : l’écologie, qui l’eût cru, devient sexy.