Sortez les antidépresseurs : le marathon des vœux débute. On connaît déjà les acteurs et le scénario du film. Ca claque la triple bise dans un décor convenu, ça jabote, fait semblant d’être content, se répand en poncifs, échange des cartes de visite qui finiront dans le lave-linge. Ça prend d’assaut les banquets copieux – valse d’huîtres, flûtes de champ’ et ballons de rouge -, comme si on émergeait de la 2ème guerre mondiale. Heureusement, le smartphone-bouclier, qui protège des attaques extérieures. On peut entamer le dernier niveau de Candy Crush, classer les photos des fêtes, faire des demandes d’interview, vibrer sur lequipe.fr, classer ses emails, écouter sa play-list, tout en simulant le traitement d’un dossier ur-gent.

Mettez-vous à notre place de plumitifs. On doit se taper soir après soir cette angoissant tunnel de (mauvaises) pièces de théâtre. Tant et si bien que le 31 janvier sonne déjà comme une libération, et le vrai début de l’année civile – bosser enfin en paix, hors piaillements. Pour ne rien arranger, je tombe rarement malade : peu de chance, cette fois encore, qu’une fièvre amie me cloue au lit. Pour conjurer cette injustice, c’est décidé, je m’allongerai dimanche prochain pendant une heure dans une rivière gelée. Je prends vos suggestions, températures négatives bienvenues.

Histoire de bousiller pour de bon votre soirée, les notables prennent le micro avec une grosse heure de retard. Si c’est pour se faire désirer, c’est 2014 fois raté. Car on n’a pas franchement droit à un remake du nouveau Gad Elmaleh. La plupart du temps – mettons à part les fédérations professionnelles, corps consulaires et syndicats, plus en prise avec la réalité -, un discours lisse (encore plus avec la proximité des élections municipales), plutôt vague, toujours consensuel – les citations de Mandela vont fleurir, c’est de saison. Où sont les 5 millions de chômeurs et les centaines de milliers de jeunes sans qualification ni avenir ? Pas dans le parterre.
Côté timing, c’est le transsibérien sans escale. Alors que l’heure tourne comme un étau circulaire, que vous entendez de là brailler les gosses à la maison et que votre ventre crie famine, les envolées succèdent à l’auto-satisfaction. J’en rêve la nuit : leur imposer à tous un sablier géant fluorescent d’une durée de 10 minutes, juste à côté du pupitre. Peut-être, alors, comprendront-ils qu’aller à l’essentiel est la meilleure et unique façon de diffuser un message clair et compréhensible. Sauf en amour, faites court !