‘Que du bonheur’, promet-on aux parents quand leurs lardons viennent au monde. Une formule clinquante, qui serait acceptable si elle n’était que vide de sens. Parce que, hein, faut pas pousser, les nuits blanches et les crises au supermarché, on a tous connu ça. Alors, du bonheur, oui, mais pas que. Florence Foresti en parle mieux que moi. Normal, c’est une maman.
Et puis, une fois sur deux, papa et maman se séparent. On rentre alors dans le monde merveilleux du grand n’importe quoi. Valse des avocats. Non-respect des décisions par des mères toutes-puissantes – et rarement inquiétées, les gendarmes ayant d’autres chats à fouetter. Différence entre le droit et la justice. Les urbains civilisés optent de plus en plus pour la garde alternée. Tu le prends deux jours et moi trois et puis re-deux pour toi. Mais la semaine d’après, les trois jours c’est toi, pas moi. Avec cet emploi du temps de sinistre, et l’ombre de l’ex, là, tout près, rencontrer une fille, même pour une histoire surtout pas sérieuse, relève de la partie d’échecs. Et non, raté, ces lignes ne sont pas l’œuvre d’un tout jeune séparé. La libération remonte à déjà plusieurs gâteaux d’anniversaire-smarties. Mais comme les papas n’ont jamais la parole – vous en avez vu un dans une pub Pampers ? -, je prends la plume et écris bien fort.
La garde alternée, construction post-soixante huitarde hasardeuse, « suppose que les deux parents communiquent sur l’éducation, la santé et les loisirs de l’enfant. Le couple parental doit survivre au couple conjugal », ânonnent les conseils juridiques. Mais bien sûr. La garde alternée, théâtre des manipulations les plus perverses de l’enfant, commises en toute impunité par le parent qui en veut le plus à l’autre, parce que l’autre l’a trompé ou, pire encore, l’a quitté simplement pour ce qu’il était, et est resté. Mode de garde conçu par et pour les parents, au détriment d’enfants devenant balles de ping-pong et à qui l’on fait gober que si, c’est vraiment génial, deux Noël et deux chambres pleines de jouets. De même que les vacances scolaires sont fixées par et pour les professeurs amateurs de sports d’hiver, au détriment des élèves non-skieurs.
Quand, parce qu’il faut bien avancer dans la vie, une ébauche de renouveau se dessine, tu rentres dans le monde tout aussi merveilleux de la famille recomposée. Enième projet immobilier. Des trésors de psychologie déployés pour ménager gosses et compagne, désunis par les non-liens du sang. Et toujours le risque que des informations sensibles – revenus, changement de situation,… – fuitent chez l’ex aigrie, prête à en découdre, méchante à pleurer. Heureusement pour eux, un jour, les enfants se barrent. C’est, foi de papa cabossé, dans leur intérêt.
je n’aime pas trop laisser des commentaires (souvent étranges après relecture) mais même si je pense que les hommes ont beaucoup d’avantages, de pouvoirs, etc… ils sont trop souvent lésés (et se laissent trop souvent léser) sur ce point. Mais j’ai apprécié ce billet bien écrit, sans acrimonie, ni aigreur, juste descriptif. Et oui, la société accordent à certaines femmes séparées ou quittées leur seul rôle, victimaire et abusif. Mais les hommes se battent ils ? La société (ie nous) nous éduque t-elle au fait que le couple ne dure pas éternellement (quel intérêt ? ) et que les enfants doivent être aimés, quelles que soient les douleurs ? Etc…
Bonne analyse Hubert. Moi j’ai eu la chance de pouvoir choisir à l’époque de vivre avec ma mère.
Cela m’a amusée de partir de l’étymologie de l’article « alternée » qui est au centre de ce billet enlevé pour la revisiter!
Alter… l’autre… Née…Qui renaît?
Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’après un divorce, ou une séparation de corps et de biens, personne n’est tout à fait le(la) même. Ni tout à fait un(e) autre.
D’ailleurs on aurait pu y en penser. Tenez la circulation alternée par exemple. Personne n’aime non?
Un billet qui sent le vécu, de tant d’hommes et de femmes. A l’arrivée, que chacun et chacune fassent le nécessaire pour leurs enfants, quitte à ne rien faire d’ailleurs. Laisser faire tout en protégeant et en expliquant. Il en restera toujours quelque chose.
Contrairement à ce que certains commentaires disent moi je trouve que cette article à un goût aux saveurs amers et aigre doux à la fois!!! C’est compréhensible, dans ces histoires de séparation et de garde alterné bien sur que tout le monde est lésé, blessé, meurtri; rien de plus difficile de quitter l’homme ou la femme à qui l’on a tant donné! difficile à un enfant de voir papa et maman qu’à mi temps. Bien sur que le « système » est mal fait! ce n’est jamais juste ! mais ce n’est pas juste de continuer à se déchirer après la séparation, ce n’est pas juste non plus que le « nouvel élu » n’accepte pas l’ex ou l’enfant, c’est à prendre avec la situation!! On se sépare normalement pour un avenir meilleur, pour que les enfants se construisent mieux. Alors pitié restons intelligent dans ces moments et sans rancoeur ou mauvaises paroles pour l’autre adulte car cela en va de l’équilibre psychologique de ces enfants qui, à l’âge adulte, sont bourrés de doutes!! pensons à ces adultes qu’ils vont devenir à leur tour, des adultes sans confiance et avec la peur au ventre de fonder une famille à leur tour…Montrons leur l’exemple et que malgré les difficultés de cette situation ce n’est pas insurmontable!
BRA-VO ! Tout est vrai , tout est là , tout est dit, et c’est une mère qui parle … Condamner un couple désuni à s’entendre « dans l’intérêt supérieur de l’enfant » alors qu’ils se quittent précisément parce qu’ils ne s’entendent plus, relève de la plus grande perversité morale qui soit. Car comme le disait notre ami Marcel (Proust) , « On ne se quitte jamais bien, car si on s’aimait bien, on ne se quitterait pas. »