« Ne financez pas le Parti socialiste, financez le sport et la culture », disait feu Georges Frêche, ex-maire PS de Montpellier, aux milieux économiques. Si cette phrase du Tarnais, magnifique de cynisme, peut prêter à rire, elle correspond à une réalité toujours patente : l’importance du sport et de la culture pour l’attractivité d’une métropole et la paix des âmes, la difficulté du financement de ces secteurs, les relations passionnelles avec la sphère politique.

Difficultés de financement ? Plusieurs disciplines d’élite se tirent la bourre entre elles, comme à Montpellier – foot, hand, rugby, basket féminin… -, une ville « déjà pas très riche, peu industrielle », rappelle Laurent Nicollin, président délégué du MHSC. Difficultés de financements, quand des organisations ont vécu un peu trop aisément, un peu trop longtemps – c’est pas moi qui le dis, c’est la chambre régionale des comptes. « Je suis très inquiète de la bonne gestion de l’opéra-orchestre national de Montpellier (250 permanents) », avertit ainsi, le 28/11, Carole Delga, présidente PS de la Région Occitanie, collectivité qui cofinance la structure et qui découvre « des centaines de milliers d’euros de charges non prévus au budget ».

Attractivité ? Regardez les noms d’ici qui parlent à l’international, dans l’actualité. Kito de Pavant, fier navigateur qui VendéeGlobe en mondiovision depuis un mois, à bord de son navire Bastide/Otio. Guy Novès, figure tutélaire du Stade toulousain, devenu redresseur d’un XV de France bien mal en point – et en mal de points. Notre Frédéric Bazille, peintre pré-impressionniste, mort si jeune dans une guerre à la con, éclaire le Musée d’Orsay jusqu’au 5 mars. C’est puissant, magnétique, le sport et la culture.

L’argent et le pouvoir, d’accord, ne sont jamais très loin. À Perpignan, l’Usap (Pro D2, rugby) « est le plus puissant réseau d’affaires des Pyrénées-Orientales », sourit Alexis Mélidonis, président de l’UPE 66. Quant au président du Stade toulousain depuis 1992, René Bouscatel, il ne ferait plus l’unanimité au sein du club et de son conseil de surveillance. En cause, la situation financière du club et les difficultés économiques rencontrées depuis plusieurs saisons. Didier Lacroix, co-dirigeant d’À la Une, régie commerciale exclusive du club, est cité pour lui succéder.

Paradoxe : une réussite sportive non programmée peut être une mauvaise nouvelle, d’un point de vue économique. René Comes, président du basket féminin à Lattes (à côté de Montpellier), ne jubile pas à l’idée que le BLMA dispute l’EuroLigue de basket : « 14 matchs de plus, qui ne rapportent pas de droit télé. Ces matchs sont autant de risques de blessures pour les joueuses. Et vu la puissance financière de nos concurrents turcs et russes, pas un seul club français ne remportera l’Euroligue dans les dix prochaines années », regrette-t-il. Il s’agace également que le basket masculin américain soit beaucoup plus couvert, dans L’Équipe, que le basket féminin français. « J’ai calculé en cm2 d’article : le rapport est de 1 à 50 », indique sans blaguer ce Catalan, ex-directeur des programmes d’un gros bailleur social. En effet, si L’Équipe « légende le sport », pour reprendre leur slogan, il ne légende pas le sport féminin.

Reste que la culture et du sport font oeuvre de ciment social. Pas de couleur de peau, ni religion, ni âge, ni niveau social, dans l’émotion ressentie à travers une envolée lyrique, un poème déchirant, un concert, un match, un run urbain nocturne, un trail en pleine nature. Cette émotion, ces sensations, battent en nous tous, belles, respectables, sincères. Et elles sont très importantes, car elles aident à vivre.