Le 23 mars 2019, en soufflant des bougies dont on taira le nombre, j’ai pris une décision. Je me suis donné un an et demi pour réussir, ou pas, une aventure entrepreneuriale. Avec un objectif aussi précis que confidentiel. Avec une stratégie, entre activités journalistiques et diversification – j’assume ce côté touche-à-tout. Avec, aussi, une vaste fenêtre d’imprévus. Je ne ne sais plus tout à fait de quoi demain sera fait. C’est nouveau, profondément voulu, et cela force à un optimisme rafraîchissant. « Si tu flippes, tu es mort », résume, poète, un acolyte.

18 mois donc, et non pas trois ans, souvent désignés comme juge de paix en matière de création d’activité. Le cap des trois ans me semble décidément trop lointain. 2022 : une éternité vertigineuse. En trois mois de saut en parachute, je pense avoir réussi une première étape : l’écosystème a compris que je suis désormais indépendant. Et il l’a admis très facilement, d’ailleurs. Les outils digitaux et la puissance des réseaux sociaux aident à ciseler les messages. J’ai, surtout, été surpris par celles et ceux que je n’attendais pas. Des conseils, des appuis, des recommandations, des missions concrètes, des portes ouvertes, venant de personnes que je connaissais, pour certaines, peu, voire pas du tout. Des phrases récurrentes, aussi : « Fonce, c’est le moment », « Tu vas t’éclater », « Je ne m’inquiète pas pour toi » et le plus énigmatique « Tu as du talent » (tout étant relatif en matière de talent).
Je tiens ici à remercier celles et ceux qui ont pris une heure, parfois plus, de leur temps pour éclairer le chemin, planter les graines, jeter les jalons, souffler des idées. J’ai beaucoup consulté, écouté, annoté, pensé stratégie. Où concentrer les efforts. Il faudra en déployer. Quels pièges éviter. Ils sont nombreux. Comment identifier et fuir les êtres toxiques. Ça ne manque pas.

Mais pas d’enflammade, comme on dit à la mi-temps des matchs, dans le vestiaire. Les affaires, c’est le temps long et le grand large, avec sa houle, ses courants et les éléments contraires qui se déchaînent. Mais il faut quand même prendre le temps d’apprécier, et faire preuve de gratitude. Cela ne signifie pas qu’on est le ravi de la crèche. Belle surprise, donc, lorsque des concurrents, eux aussi journalistes indépendants, jouent la coopétition (coopération/compétition), en me recommandant régulièrement auprès de leurs contacts lorsqu’ils sont full.

Belle surprise, aussi, lorsque l’association Communicants Publics Méditerranée, sympathique en diable, me propose d’intervenir, le 4 juin à la Dolia (fameux bar à vin à Castelnau-le-Lez), sur le thème « Les nouvelles formes de journalisme« , aux côtés de Valérie Hernandez, journaliste spécialisée dans la culture et créatrice de l’excellent lokko.fr. Valérie, qui a elle aussi pris depuis peu son indépendance, a exposé une vraie réflexion digitale : les compétences requises pour lancer un projet aussi ambitieux, l’ébauche d’un modèle économique, la question de la cible, un agenda en ligne à venir, les références nationales qui la nourrissent (Le Tank Média, ou Eric Scherer, directeur de la prospective à France Télévisions), les aides à l’industrie numérique… De mon côté, certaines et certains ont constaté une évolution de l’offre numérique sur mon blog. Ce n’est qu’un début.

Entreprendre requiert des valeurs. Au cours de ces premiers kilomètres, certaines émergent clairement : maintenir le cap malgré les difficultés, définir une stratégie claire et différenciante, faire preuve de patience, s’adapter vite à son environnement, tenir parole, hiérarchiser les priorités, s’acharner avec le sourire, travailler le mental et le physique, ne pas négliger la dimension humaine, faite d’humour et de convivialité. Et, moteur électrisant numéro un, prendre du plaisir !